Album acoustique tout en retenue et en connivence enregistré en compagnie de Jérôme Regard et de Donald Kontomanou. Un disque pétri d’émotions multiples que les trois musiciens restituent avec talent. Sorti en avril, Life is a movie est présenté mardi au public pour la première fois
Life is a movie est sorti fin avril. Mais c’est mardi 6 juin que Laurent de Wilde fêtera au New Morning le premier concert en public de cet album enregistré en deux jours par le pianiste, + Jérôme Regard à la contrebasse et Donald Kontomanou aux drums : un trio qui se forme et se reforme depuis près de dix ans pour explorer des univers musicaux souvent inédits.
Inédit ? C’est le cas de ce disque étrange qui s’inscrit dans un contexte particulier faits de confinements imposés et, pour le pianiste, d’une chute en deux roues qui lui a demandé plusieurs mois de convalescence.
Autant d’évènements qui sans doute expliquent le calme et la sérénité qu’expriment ces courts morceaux qui arrivent comme des moments uniques, pétris d’émotions qui ne cessent de se faufiler, réinventant toujours et encore le thème. Chaque note jouée au clavier ou à la contrebasse comme chaque son de cymbale ou de batterie prennent ici toute leur place pour parfaire l’atmosphère qu’élaborent ensemble les musiciens.
Comme une toile indestructible
On pourrait se méprendre sur la facilité avec laquelle ceux-ci réussissent chaque fois à tisser comme une toile indestructible dans laquelle on est invité à entrer. Pourtant à chaque morceau sa saveur : de cette Vague qui ne cesse d’aller et venir à Mes Insomnies qui conclut l’ouvrage. En fait, s’ils s’inscrivent dans une même approche, ces morceaux ne tardent pas à imposer et à trahir des personnalités différentes. Qu’il s’agisse de ce Back on the beat avec une introduction contrebasse/drums inspirée de Ramsey Lewis ou de ce Paradis perdu nourri de patafix sur les cordes ou de ce Get up and dance en hommage à Fela Kuti et à son batteur Tony Allen.
Le charme qui se dégage au fil des morceaux tient aussi à cette recherche palpable de l’essentiel, à cette volonté de partager sans fard des émotions multiples qui ne cessent de scintiller, de s’éteindre, mais dont la musique veut garder la trace, fut-elle ténue.
D’où, in fine, une étrange sensation de toujours mieux cerner des musiques qui en fait finissent par nous échapper quand on pense les avoir intégrées.
Sans aucun doute, la connivence qu’ont su créer entre eux au fil des ans les trois musiciens joue ici un rôle primordial, chacun semblant précéder ou deviner les notes que l’autre n’a pas encore jouées ou esquissées. Une façon d’abolir le temps ou de l’étirer à sa façon, au gré de l’inspiration de chacun.
On remarquera tout de même qu’à côté de ce Life is a movie, Laurent de Wilde n’a pas baissé la garde durant tous ces mois, qu’importe la nécessité de s’armer de béquilles : de cet hommage à Sonny Rollins réalisé en décembre 2021 aux cotés de Géraldine Laurent et de David El Malek avec la rythmique du trio new-yorkais du pianiste (Billy Drummond aux drums) à ce pas de deux pianos avec Ray Lama l’an dernier sans oublier sa petite performance lors de la Journée du Livre où Laurent de Wilde avait tenu à lire un extrait de « Le son est partout »……
De quoi nous rappeler qu’à côté de la musique et des claviers, le livre a été et reste l’une des passions de cet ancien normalien.
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