Directeur artistique du RhinoJazz, Ludovic Chazalon a vécu du 1er au 23 octobre un peu plus de trois semaines particulièrement intenses avec une foultitude de concerts dans 28 communes différentes, dont Lyon et Saint-Etienne. Interview bilan.
Quel est le bilan de ce 44 ème RhinoJazz (s) qui vient de se terminer ?
Ludovic Chazalon-Nous n’avons pas terminé tous les comptes, mais vu l’affluence en général au sein des 42 concerts programmés, nous devrions nous acheminer vers la jauge traditionnelle du Rhino, soit 20 000 spectateurs environ. Pour être plus précis, il faudra attendre…
Dans l’ensemble, le public a véritablement répondu présent. Même là où la proposition musicale pouvait paraître audacieuse.
Y a t il eu des concerts où le public a moins mordu ?
Effectivement, ce fut le cas à l’Opéra de Saint-Etienne, la rencontre/création autour de l’Oiseau de feu, entre l’orchestre symphonique de Kawka et le saxophoniste Lionel Martin n’a pas attiré autant de monde que l’on escomptait. Le public n’a peut-être pas eu le déclic ou la curiosité de s’y rendre. La complicité entre l’orchestre symphonique et Lionel Martin fut pourtant pétrie d’audace et vraiment unique.
Je regrette aussi qu’une autre découverte musicale n’ait pas attiré plus de public. C’est le cas des deux violonistes du « 2Birds Band » à la Talaudière, le 21 octobre. Nous n’avons peut-être pas mis suffisamment l’accent sur le marqueur Jazz. Ce furent pourtant tous deux de magnifiques concerts.
On sait que depuis l’origine l’ADN du Rhino est constitué par la découverte de nouveaux artistes, de nouvelles esthétiques Jazz. Qu’est ce qui, outre les deux concerts cités ci-dessus, vous a le plus marqué à cet égard ?
Parmi les découvertes de l’année qui m’ont le plus impressionné : le duo « Nosax Noclar », le 2 octobre, à l’Eglise de Cellieu, des artistes hyper-talentueux que l’on est très fiers d’avoir produit : là le public a fait preuve de curiosité et était présent., il ne l’a pas regretté !
J’ai aussi beaucoup aimé le solo de Maxime Delpierre à la galerie Ceysson & Bénétière, le 13 octobre, un musicien qui construit un univers sonore très singulier. Une superbe découverte.
Enfin, je citerai mon coup de cœur du Festival : le solo piano de la chanteuse Julia Biel, le 16 octobre à l’Eglise de Genilac, un jazz en très grande liberté qui a beaucoup touché le public.
C’est vrai, nous voulons le prouver chaque année, notre marque, c’est de proposer au public la découverte de nouveaux artistes.
C’est la voie que l’on a engagé depuis les débuts du Rhino et le public nous suit avec confiance…
Vu le succès du Rhino 2022, on peut supposer que l’année prochaine il y aura une 45 ème édition ?
Tout laisse supposer en effet qu’il aura bien une 45ème édition du Rhino en 2023, même si la baisse de subvention de la Région peut constituer une entrave pour l’avenir…
Vous avez des inquiétudes pécuniaires pour l’avenir ?
Nous pensons bien faire face, mais il faut bien comprendre que la Région Auvergne-Rhône-Alpes a baissé ses subventions progressivement de l’ordre de 20 %. Ce qui pour notre budget global qui est de l’ordre de 600 000 à 700 000 euros et est donc relativement modeste, se révèle important et peut nous mettre en péril.
Il faut savoir aussi que nos frais de structure sont extrêmement faibles : 1,5 emploi permanent !
La prise de risque qui est l’ADN du Rhino coûte cher ?
Si elle n’est pas compensée, la prise de risque coûte effectivement cher.
Nous devons à la fois être audacieux et comptable de l’argent public.
Qui plus est, la part de mécénat dans le Rhino est encore faible et se traduit surtout par des achats de places.
Bref, plus que jamais, nous allons devoir être astucieux…
Notre modèle économique est fragile…
Il a existé à une certaine époque pas si lointaine un Rhino d’été. Des concerts sont-ils prévus cette saison entre le festival qui vient de se terminer et le prochain pour faire vivre le Rhino en cours d’année ?
Nous sommes effectivement en train de réfléchir à des projets de ce type, mais il est encore trop tôt pour en parler.
Il faut d’abord que nous fassions le débriefing du Rhino 2022 sur tous les plans avant de repartir de l’avant…
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