Bressat en homme-orchestre tous terrains. Ici et là. Au Périscope, au Péristyle. Au Crescent (Mâcon). Au Sunset aussi, le temps d’un lancement de disque (le dernier). De préférence, en trio, avec deux vieux amis avec lesquels il a commis plusieurs disques, révélant au passage son attachement aux chansons françaises. Acoustique, un soir. Electrique le lendemain. Vocal le surlendemain. L’homme est à multiples facettes et à multiples claviers.
Et puis il y a le Bémol5, club de jazz installé en bord de Saône, au cœur de Saint-Jean : David Bressat y est pour deux soirs en quintet. Au cœur du sujet : Claude Nougaro, sa verve, ses chansons. Ici, même s’il abandonne le piano (à Madame Bressat) pour l’orgue, le musicien reste dans sa logique et ses attachements. On se souvient, depuis qu’il a constitué un trio acoustique, David Bressat se tourne volontiers vers la chanson française, la grande comme la moins grande. Puisant dans Trenet-génie-pléthorique, dans notre Clo-Clo national, en passant par à peu près toutes les cases : Brassens (l’Orage), Serge Lama (D’aventures en aventures), Dutronc (Le petit jardin) et bien entendu Claude Nougaro.
Dans un ancien CD en trio, avec Florent Nisse et Charles Clayette + Marcus Strickland, le pianiste en avait déjà appelé au chanteur disparu avec « la pluie fait des claquettes ». On était en 2011. Six ans après, il est donc une nouvelle fois au Bémol5 pour une soirée consacrée au chanteur toulousain.
Pour ce faire, il en appelle à Géraldine Lefrêne, chargée de reprendre les thèmes (à succès) de Claude Nougaro. Périlleux tout de même : d’un côté une voix toute d’accents graves et d’accents circonflexes, baignée par le soleil, outrancière pour mieux planter, comme des banderilles, des répétitions magiques et des mots qui pèsent.
De l’autre, cette voix qui, laissant là le rocailleux nougaresque, insuffle une interprétation toute en nuance : coquine, câline, mutine, taquine. Ca roule moins les « R », mais ça fait mouche. Vigueur mais volupté. La jeune femme glisse sur la mélodie, la rattrape. Bref va et vient avec bonheur dans les thèmes du Toulousain.
Comme on vous l’a déjà dit, David Bressat a réordonné son plan de scène pour la circonstance : lui-même est à l’orgue, avec des sonorités désuètes, plus Farfiza de salle de bal parfois qu’Hammond de haute classe. C’est voulu. Il laisse le piano à Madame Bressat, Clélia de son prénom. Et complète la formation avec Rémi Kapriélan aux drums et Maurade Méniri, qu’on ne présente plus, à la contrebasse (+ guitare).
En avril, il nous avait déjà présentés ce spectacle. Toujours au Bémol5. Le revoilà donc pour deux soirs, vendredi et samedi, à faire revivre ce petit taureau énergique et enflammé qui aura tant su, entre jazz, java, tubes et ritournelles, tracer un si original chemin musical en faisant se rencontrer et s’aimer, jazz et chanson française.
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