Mais avant toute chose, profitons de l’internet pour faire un bond de deux ans en arrière. Jazz à Vienne 2014. En ce 4 juillet, il pleut des trombes sur le théâtre antique. Buddy Guy est à quatre mesures de la fin, de la loge et de son hôtel. Mais non, il s’en va dans le théâtre, emprunte ce déambulatoire qui sépare la cavea des premiers gradins et prend le temps de saluer à peu près tout le monde. Comme un tour d’honneur, l’empathie en plus. Prenant la peine de poser devant ces centaines de Smartphones qui immortalisent l’instant. Ralentissant le pas. S’arrêtant.
La nuit pour lui et pour ce public à la fête. Il suffit de voir les sourires. Vous en reconnaitrez peut-être certains. Ils en disent long.
Au moment de refermer le cahier 2016 du festival, on ne peut s’empêcher de comparer cette flânerie de l’octogénaire au cœur de Jazz à Vienne et de son public, au quasi mutisme de ces artistes qui, oubliant leurs jeunes années -où il comptait sur les photographes pour se faire connaître- décident abruptement d’interdire toute photo durant leur prestation.
Ainsi John Scofield quelques jours avant, interdisant l’accès de la fosse à tout photographe. Peur d’un teint tendance cadavérique ? Peur d’une transpiration abondante trop visible sur les photos ? On ne sait.
Eternel remake de ceux qui veulent le beurre et l’argent du beurre sans s’apercevoir à temps qu’ils se tirent une balle dans le pied. A force de voir publier des photos d’eux-mêmes floues, exécrables et sans relief, sans doute changeraient-ils d’avis, pensons-nous.
En attendant, le débat n’est pas neuf mais il empire : rappelons ici une magnifique photo de Pierre Augros de Stan Getz lors de sa dernière venue à Vienne et qui était alors parue dans Jazz Notes, pleine page. Immortalisant le saxophoniste qui décédait quelques semaines après.
Gageons qu’aujourd’hui, ce photographe, passé par Lyon-Libération et Le Progrès, serait dans l’incapacité de réaliser un tel cliché.
En attendant, entre un Buddy Guy tout sourire et ce guitariste au set trop sage, le public appréciera.
Buddy Guy conclura l’édition 2016 du festival
Tout ça pour dire surtout que Buddy Guy est de retour à Vienne. Et, permutation de la All Night Jazz oblige, il lui reviendra de conclure l’édition et la soirée.
First Time I met the Blues, chante-t-il. A lui seul, il cumule plus de 60 ans d’activité dans ce blues aux facettes si diverses. D’où des disques de légende. Et, selon notre Docteur ès Blues, Robert Lapassade, ne pas omettre d’y ajouter le tout dernier sorti (l’an dernier), ce « Born To Play Guitar » qu’on espère redécouvrir ce soir.
La venue de Buddy Guy aura été précédée, disions-nous, de celle de Selwyn Birchwood, un guitariste originaire de Floride, tombé dans le blues dès son plus jeune âge, et qu’on espère voir prendre le relais des anciens.
Il est entouré a minima mais les trois autour de lui sont du genre tout-terrain-désert-compris, à même de tenir le rythme et la distance. Enfin, n’omettons pas Shakura S’Aida.
Elle aussi sera en petit comité mais les quatre musiciens qui l’accompagnent sont du genre à fournir du début à la fin une répartie diabolique à cette chanteuse affirmée.
Dernières agapes bluesy à partir de 20h30 au Théâtre antique de Vienne
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