Sclavis se présente ici en quartet, son dernier quartet : Sarah Murcia est à la contrebasse, Christophe Lavergne aux drums et Benjamin Moussay au piano. Trois talents, trois individualités, trois compères d’aventure, mais un seul but, dresser ces « Characters on the Wall » qui fascinent tant le musicien et qui constituent à la fois son dernier opus mais aussi une démarche initiée de longue date.
Eternel curieux de ce qui l’entoure, des cultures familières ou inconnues, celles qui viennent à vous ou qu’il faut prendre la peine d’aller découvrir, Sclavis s’est attelé depuis plusieurs années à la démarche d’un certain Ernest Pignon-Ernest, plasticien qui aime faire parler les murs les plus improbables avec la conviction qu’ils ont beaucoup à dire et à nous apprendre en les ornant, de manière éphémère, de ses propres créations ou interprétations du réel.
Parmi ces décors, figure entre autres, en bonne place, la ville de Naples qui accumule, du port aux moindres sentines, les contrastes les plus intéressants, exprimés alors dans Napoli’s Wall, grand moment de rencontres et de découvertes.
Sclavis revient 15 ans après avec Characters on the Wall
Quinze ans après, le musicien revient sur le sujet avec ces « Characters on the wall », une création faite de huit œuvres musicales jouées admirablement par les quatre instruments et dans lesquelles les quatre musiciens parcourent à leur façon paysages, atmosphères et autres ambiances. D’où quelques fresques étranges qui se peignent sous nos « yeux ».
Au centre, la magie de la clarinette basse qui, d’un seul son ample, profond, épuré, sait vous faire entrer dans un monde inattendu. Quelle correspondance nouer entre la musique et ce qu’elle tente de décrire, entre ces deux improvisations qui, en se rejoignant, se révèlent l’un l’autre ? C’est à cette petite aventure qu’est convié le spectateur au fil des thèmes abordés et de ce qui les sous-tend.
Au passage, on ne peut qu’être attentif à l’exploration que mène le clarinettiste de ce qui l’entoure depuis pas loin d’un demi-siècle : d’Afrique à « Asian Fields » en passant par « Loin dans les Terres » ou par ces arrêts sur images, que ce soit les œuvres peintes, le cinéma, les bruits d’une ville, la plénitude d’une montagne, tout ici s’accorde, se complète dans une quête perpétuelle qui ne laisse jamais indifférent.
Comme si faire le mur devenait ici l’évidence même.
* Louis Sclavis quartet, mercredi 10 octobre à 20h30 (tarif : 22 et 28€) à l’Amphi de l’Opéra de Lyon.
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