Dernière ligne droite de l’année : Le Périscope invite en fin de semaine l’un de ses plus fidèles artisans, David Bressat. Pas de surprise au demeurant pour ce concert : le pianiste réunit son quintet pour présenter une nouvelle fois « Alive », son dernier album sorti il y a un an.
« Alive » ou le fruit de deux démarches : d’abord, et comme il l’expliquait au Péristyle où il avait présenté les « bonnes feuilles » de l’album, David Bressat avait souhaité sortir du studio et « lâcher prise » : faire cet « Alive » en compagnie du public, devant lui, avec lui, « en concert tout simplement ».
Conviction que la spontanéité et ce travail sans filet enrichit non seulement chaque musicien mais donne à la cohésion de la formation un parfum que des prises répétées en studio n’apporteraient sans doute pas. D’où un enregistrement réalisé en public au Crescent à Mâcon le 8 mars 2017).
Agrandir le cercle
Ensuite, et pour l’occasion, le pianiste a décidé d’agrandir le cercle : alors que le trio avec lequel il est parti à l’aventure musicale (Florent Nisse à la contrebasse et Charles Clayette) fête ses dix ans, David Bressat joue ici en quintet, incluant une trompette, tenue par Aurélien Joly et un saxophone, tenu par Eric Prost. En d’autres termes, ce qui se fait à peu près de mieux en matière de jeu personnel, de richesse de l’interprétation et surtout, d’ouvertures sur d’autres sons ou mélodies.
Pour s’en convaincre, il suffit de se passer et de se repasser l’intro de « Nuages », qu’emmènent avec calme et certitude les deux cuivres. Ou de les découvrir un peu plus loin : le jeu tout à la fois espiègle et recueilli du saxophoniste qui danse sur des cieux sans cesse changeants, ou les fines interventions d’Aurélien Joly qui sont autant de perles distillées sur une rythmique des plus attentives. Ainsi ce « Shake Everything » qui porte décidément bien son nom et qui s’inscrit avec un rare bonheur dans les pas d’un Gillespie ou assimilé.
Bref, si le David Bressat Trio a, dès le départ, trouvé le ton juste, à travers ces French Connections, ces deux premiers albums-hommage à la chanson française, le Quintet est bien de la même veine, en étirant le paysage, bouleversant les perspectives, proposant une multitude d’horizons vers lesquelles la petite troupe prend un malin plaisir à s’embarquer. Chacun à l’écoute de l’autre. Chacun nourrissant l’autre en veillant bien de ne pas compromettre un équilibre proche de l’idéal.
Inutile de rappeler, pour ces raisons, l’intérêt de voir « Alive » plutôt que de simplement l’écouter.
C’est donc vendredi 14 décembre à 21 heures au Périscope.
Et voici The Great Harry Hillman, made in Suisse
La veille, le caveau organise un de ces petits concerts qui font désormais sa renommée : il invite The Great Harry Hillman, un quartet made in Suisse qui nous explique doctement qu’il a retenu ce nom en souvenir d’un athlète américain qui pratiquait la course de haies et qui eut son heure de gloire il y a longtemps. On les croit sur parole, même lorsqu’ils laissent entendre qu’ils se présentent sur scène dans des tenues appropriées.
On retiendra surtout que les quatre jeunes gens n’en sont pas à leur coup d’essai dans une démarche où l’on chipe au jazz, au rock et à tout ce qui vaut la peine ce qu’ils ont de mieux et où l’on essaie d’aboutir à une synthèse qui n’a d’intérêt que si elle est inédite et décapante.
Deux premiers albums, Livingstone et Veer off Course, avaient permis d’apprécier leur volonté d’en découdre et de ne rien se refuser en matière de mélange des genres.
Ils viennent d’enfoncer le clou avec Tilt : même veine, même assurance, même originalité. L’art de prendre la balade pour ce qu’elle n’est pas, de privilégier les contrastes, de sortir de l’ordinaire, d’aller plus loin.
Pourtant la formation est des plus classiques : Dominik Mahnig est aux drums, Samuel Huwyler à la basse, David Koch à la guitare et Nils Fischer ferme la marche, lui et ses anches.
-Jeudi 13 décembre, à 21 heures au Périscope à Lyon.
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