Du 31 janvier au 04 février dernier, entre Drôme et Ardèche, s’est déroulée la 4e édition du « Jazz sur le Grill ». Au menu de ce jeune festival figuraient Elodie Pasquier, Baptiste Trotignon, Binker and Moses (duo qui a sorti un « Journey to the Mountain of Forever », remarqué l’an dernier). Thomas de Pourquery en était également l’invité spécial. Accompagné successivement d’Insult Reason, du JAV Contreband, d’Andy Emler et de son groupe Supersonic, le saxophoniste barbu a pu exposer aux spectateurs les différentes facettes de son talent.
Vers l’infini et au-delà…
Outre Thomas de Pourquery à l’alto et au chant, Supersonic c’est également Laurent Bardainne au ténor, Fabrice Martinez à la trompette et au bugle, Arnaud Roulin au piano et claviers, Frédéric Galiay à la basse et Edward Perraud à la batterie.
Les morceaux de la soirée sont issus de l’album « Sons of Love ». Contrairement à ceux de « Play Sun Ra », ce ne sont pas des reprises de Sun Ra mais bien des compositions signées Thomas de Pourquery. Mais entre les deux, les points communs sont nombreux.
On retrouve le côté mystico-cosmique de Sun Ra, à la fois dans la musique et dans les paroles. La rythmique est entêtante et tour à tour viennent se poser sur elle un chant éthéré, des sons électroniques relativement martiens et la furie des soufflants (saxophones et trompette).
L’énergie du groupe ne vient pas que de ces derniers. Car au-delà des différents styles présents dans la musique de Supersonic, Jazz, Rock, voir hard-rock, musique des îles… le tout dans une esthétique 70’s / 80’s, c’est bien l’énergie qui caractérise Supersonic.
A peine un pied sur la scène de l’élégant Théâtre de Valence que pianiste et bassiste lançaient déjà un groove de tous les diables. Les deux musiciens, rapidement rejoins par les autres membres du groupe, ont sur ce premier titre donné le ton de la soirée. Ce morceau a d’emblée montré une formation soudée où tous les instruments comme fusionnés, le saxophone se mélangeant à la voix et la basse au piano, participent à la propulsion du vaisseau Supersonic et à son équilibre.
Le son de section (as, ts, tp), aussi gros soit-il sur les thèmes harmonisés, est en effet toujours équilibré par une rythmique qui ne lâche rien. Le chaos Free des saxophones est toujours contenu par un énorme duo basse / batterie, le tout dans une débauche d’énergie que ne renierait pas John Zorn et son Electric Masada.
Zappatitude
En bon maître de cérémonie, Thomas de Pourquery s’est chargé d’animer avec humour les intermèdes entre les morceaux. Bien secondé, il est vrai, par ses acolytes. Les soufflants dansent et se chamaillent dans des batailles instrumentales exagérées, le batteur en fait des tonnes et le pianiste se cache derrière ses lunettes de soleil alors que le bassiste prend des poses Hard-Rock.
Mais derrière ce second degré, ne vous y trompez pas, il y a de la maîtrise et du talent, ces petits délires à la Zappa sont à ce prix-là. Un talent qui est également manifeste à voir les musiciens tourner sur les instruments. Le pianiste joue également des percussions, le saxophone ténor du clavier, les soufflants chantent…
Tous ces musiciens sont excellents, mais parmi eux, c’est le batteur qui m’a le plus impressionné. Efficacement soutenu par le bassiste, il peut développer une puissance phénoménale. Très théâtral dans ses gestes, ses mouvements sont amples, même sur les frappes douces, « pour accompagner le son » comme il le dit lui-même.
A le voir bouger ainsi, on pense au batteur Mitch Mitchell, un temps compagnon de route de Jimi Hendrix. Tout est chez lui précision, son toucher donc mais également sa polyrythmie. Il complète de plus très bien la palette mystique et sonore du groupe avec son archet à cymbales, ses petites clochettes et bien sûr son gong!
Un très bon concert qui est passé en un éclair. Emmené par un groupe qui n’a pas levé le pied de l’accélérateur, le public a été catapulté avec bonheur dans le Jazz et ses univers.
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