Il ne faut douter de rien pour signer une première partie à Jazz à Vienne en sachant que, ce soir-là, le public attend Chic et Niles Rodgers. Il faut encore moins douter lorsqu’on vient de fêter ses 21 ans, qu’on est à peu près inconnu et qu’on entre seul en scène.
Car Jacob Collier, ce jeune londonien, est seul en scène avec 8 instruments : trois claviers, trois guitares, et deux percussions. Ajouter à cela quelques outils informatiques et sonores qui permettent, de reproduire et de mixer les sons qu’il élabore en un temps record. Et ne pas oublier, pour être complet, des captations vidéo « live » du musicien en gros plan qui s’inscrivent immédiatement sur les écrans entourant la scène. L’effet est garanti.
De plus et heureusement, notre (jeune) homme-orchestre choisit fort bien son répertoire : du jazz, mais pas que. Stevie Wonder ici, Gerswin par là, et pas mal d’autres sur lesquels ce pianiste met sa patte, sa voix, et son enthousiasme.
Un exercice qui a ses limites
Toutefois, l’exercice a ses limites, surtout face à un théâtre antique qui se dissipe d’autant plus facilement que les premières parties des soirées se déroulent alors que le jour lambine. Et, si l’on peut être au départ séduit par la performance qui consiste à élaborer ainsi sous les yeux de tous « sa » musique, elle oblige malheureusement l’artiste à une sorte de constant grand écart qui, visuellement, n’apporte rien.
Et, si Jacob Collier domine ses claviers et ses guitares, le jeu de percussions manque de ce constant renouvellement que sait apporter un batteur attentif au jeu de ses comparses. Enfin, l’informatique amène parfois des redondances qui alourdissent le propos.
Cela étant dit, Jacob Collier a montré, durant son set, un rare talent de réinterprétation de quelques musiques cultes. Elles figurent en bonne place dans le disque qui est sorti pratiquement au même moment que son (premier) passage à Jazz à Vienne, et augurent bien de la suite.
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