
S’offrir en exclusivité Nile Rodgers et Chic pour démarrer trois soirées de musiques ininterrompue, c’est la jolie performance à laquelle est parvenu Jardin Sonore 2025 à Vitrolles dans les Bouches-sur-Rhône….. le temps d’un concert quasi immuable mais réussi.
De Nile Rodgers, on croit tout savoir. Son élégance, sa simplicité à faire du public son complice, une joie de vivre immédiatement communicative, renforcée par le groove permanent que distillent du début à la fin les neuf musiciens qui composent Chic, avec en tête, Jerry Barnes et Ralph Rolle.
Un côté immuable, presque mécanique pour une formation bien délimitée : deux claviers, deux cuivres (sax et trompette), une basse et une batterie et deux chanteuses. Le tout aux ordres de Nile, resplendissant dans un ensemble doré, sauf ses dreads et sa vieille et légendaire Fender, plus sautillant que jamais et peu pressé de renouveler un show qui emballe d’entrée le public avant même que résonnent les premières mesures.
Ces tubes qui ont aidé tant de formations à se faire un nom
Car pour le déroulé, guère de surprises : comme à l’habitude, Chic égrène les grands tubes de son maître à jouer, quasi toujours les mêmes. De I’m coming out pour démarrer jusqu’à Let’s Dance quelques instants avant de se quitter. En passant par tous ces morceaux qui ont aidé tant de formations ou de chanteur/euses à se faire un nom, à se hisser aux premières places ou simplement à sortir d’un oubli menaçant. L’un après l’autre sont ainsi appelés par le chanteur : Diana Ross, Madonna, Sheila d’abord. Duran Duran, Daft Punk, David Bowie, INXS bien sûr pour suivre. Et une batterie d’autres.
Ralph Rolle derrière son armada de drums
En fait, guère de changements par rapport aux grands concerts des années de la décennie précédente, ceux de l’Opéra de Sydney, de Glastonbury ou de Jazz à Vienne par exemple. Si certains membres piliers de Chic cette fois ne sont pas au rendez-vous, reste l’essentiel, Jerry Barnes, à la basse, au chant et en soutien constant de Nile Rodgers et, près de lui, assis derrière son armada de drums, façon canonnier, l’attachant Ralph Rolle, tout heureux de découvrir que son nom a les mêmes consonances que la ville (Vitrolles) où il vient de débarquer.
Nile Rodgers en anti-star, prenant à revers sa légende
En fait la magie de la Chic Organisation est ailleurs : d’abord dans cette simplicité apparente contrastant avec un show millimétré au possible. Il suffisait d’observer la minutie avec laquelle les techniciens avaient, sous nos yeux et montre en main, installé juste avant, la scène, réglé les lumières et le son de chaque instrument, de chaque micro. Mais aussi Nile Rodgers, en anti-star, prenant à revers sa légende ; un discours ciselé, fait de confidences, de moments passés, d’émotions encore palpables, de chemins interdits (?), souvent racontés avec une franchise qui renforce un peu plus le lien avec le spectateur. Peut-être d’ailleurs notre jeune septuagénaire était-il ce soir là encore un peu plus disert que d’habitude.
Le reste suit : le plaisir de jouer, de danser, de faire danser celles et ceux massés devant la scène. Mais aussi de les entendre chanter à leur tour tel ou tel morceau érigé en « rengaine », ces musiques diaboliques qui rentrent dans une oreille et s’y installent à jamais. Et puis, il y a la « patte » de celui qui, dans une interview (à Rollingstone), expliquait un jour : « j’étais un hippie; je le suis resté » . Une spontanéité palpable , un certains détachement lié peut-être à ses anciens pépins de santé, mais aussi une façon de prendre sous son aile le public, tout le public, lequel se retrouve comme associé à chacun de ses tubes, dépositaire d’un funk qu’il adopte en toute éternité.
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