Heureusement qu’il est là : durant tout l’été, tous les jazz de la région se retrouvent, comme chaque année, chaque soir dans ce lieu unique. Jusqu’au 2 septembre, une centaine de musiciens – tous instruments, tous styles, tous gabarits- se succéderont chaque soir pour trois sets au cœur de Lyon.
Le Péristyle, c’est reparti. Premier concert, jeudi 8 juin. Tout dernier, samedi 2 septembre. Entretemps, trois mois de jazz non stop (sauf le dimanche) dans cet havre de musique, une trentaine de formations et une centaine de musiciens prévus sur la petite scène.
La formule est désormais bien rodée : à peine l’Opéra de Lyon fait relâche, le Péristyle prend le relais : un espace aux dalles glissantes à souhait qui accueille ordinairement de jeunes danseurs de hip-hop et qui se mue, l’été, en une brasserie recherchée et une scène jazz d’autant plus précieuse que les grands lieux jazzeux de Lyon profitent de la saison pour souffler un peu.
Pour cette 15ème édition, la formule mise au point par François Postaire, l’homme aux commandes, est reconduite pour l’essentiel : trois sets de 45 minutes, chaque formation invitée remontant sur scène trois soirs de suite. L’intérêt du Péristyle est non seulement dans le lieu, central au possible, à cheval sur l’Opéra et la place attenante, que dans l’ambiance, qui ne cesse de se transformer au fil des jours et des soirées, et dans ces publics si divers qui se succèdent durant ce petit trimestre.
Une programmation qui n’omet aucune des esthétiques du jazz
Mais, l’intérêt est aussi et surtout dans la programmation concoctée, faisant la part belle au jazz régional en n’omettant aucune de ses esthétiques. Qui plus est, les formations invitées trouvent ici l’occasion rare de disposer de trois soirées entières –neuf sets donc- pour rôder un nouveau projet, mettre en boîte un projet d’enregistrement, voire nous livrer le tout dernier réalisé.
Bien entendu, le Péristyle a ses incontournables, de David Bressat à Patrick Maradan en passant par Cédric Perrot, Zaza Desidario, Olivier Truchot, Joachim Expert, Christophe Metra…..pianistes, percussionnistes, guitaristes, cuivres : en fait, peu ou prou, une bonne part de la scène jazz régionale qui trouve ici l’occasion d’exposer sa richesse et sa diversité. Mais, l’événement cherche à aller plus loin : le « deal » proposé par l’Opéra et François Postaire à ces formations est en effet de profiter de cette invitation pour ne pas se limiter à reproduire un répertoire déjà rôdé, déjà entendu, mais de défricher d’autres voies, de fomenter d’autres rencontres, éphémères ou pérennes.
Chaque rendez-vous proposé vaut son pesant
Dans cet esprit, chacun des rendez-vous proposés dès le 8 juin vaut son pesant. Certes, Wilhelm Coppey, à qui revient l’honneur de démarrer les agapes, n’est surtout pas un inconnu. Il était récemment en trio au Hot Club ou à la Clef de Voûte. L’intérêt du quartet qu’il propose est qu’il est en fait composé de quatre pointures qui comptent parmi les plus aguerries de la scène actuelle : aux côtés du pianiste, Patrick Maradan est en effet le contrebassiste , Cédric Perrot le batteur et Christophe Metra le trompettiste. De quoi se jouer de n’importe quel standard. Pourtant cette fois, le quartet profitera des trois soirées qui lui sont consacrées pour présenter de nouvelles compositions et son dernier enregistrement.
Le mois de juin accueillera ensuite six autres formations : Ero Jazz Quartet, EYM en quintet, Equinox Trio, Sinti Swing Trio, Inlab Quartet et Stracho Temelkovski Trio qui invite Ashraf Sharif Khan. Ce faisant, on passera du jazz traditionnel, moderne, contemporain ou gipsy-manouche à du world jazz et à du « balkan world jazz » aux accents pakistanais.
Une innovation de taille au Péristyle 2017
On reviendra sur les rendez-vous de juillet et d’août ultérieurement mais cette 15 ème édition comporte, à notre sens, au moins une innovation de taille : l’Opéra a choisi cette fois de confier à quelques musiciens la programmation d’une semaine entière.
La première, façon « retour de Jazz à Vienne », se déroulera du 10 au 15 juillet et aura pour chef d’orchestre Lionel Martin. Difficile de suivre ce musicien qui mène son saxophone tambour battant, multipliant les expériences musicales les plus contrastées et les expériences tout court. L’homme est resté célèbre pour avoir campé il y a plusieurs années dans un arbre plusieurs jours durant devant le théâtre de Rive-de-Gier où allait se dérouler l’inauguration du Rhino. Clou de l’inauguration, vous vous en doutez, la descente de l’arbre (réussie) du saxophoniste. Ca vous rappellera évidemment certains romans.
Cette fois, Lionel Martin concocte donc une semaine pas piquée des vers où il sera tour à tour en duo avec Mario Stanchev – un air de déjà vu-, en trio avec Medhi Kruger (voix) et Raphaël Chambouvet, excellent pianiste . Enfin, en quartet en compagnie d’Olivier Truchot (orgue), de Nassim Brahimi (sax) et du séduisant Sangoma Everett (dr) dont ce sera la seule apparition au Péristyle 2017. « Une semaine pour célébrer l’expression et la liberté d’en user », confie Lionel Martin en présentation de ce petit programme. C’est sans doute en effet cette liberté que prend le musicien d’user de la musique comme d’un jardin secret totalement disponible qui frappe dans ses interventions.
La Compagnie Imperial arrive pour une semaine entière
L’autre semaine qu’il ne faudra surtout pas manquer sera la dernière de l’édition. Du lundi 28 août au samedi 2 septembre, l’Opéra confie les clefs du Péristyle à la Compagnie Imperial. On en reparlera : on est ici un peu face à une « holding » avec plusieurs formations qui se retrouvent et se démultiplient, animées par Damien Sabatier, Gérald Chevillon, Antoine Leymarie et Joachim Florent. Durant cette semaine, ils mettront ainsi successivement en avant l’Imperial Quartet, l’Imperial Orpheon et l’Imperial Pulsar. On ne les a plus vus à Lyon depuis un concert qui se tenait au marché-gare. C’est dire le manque : il y a dans la façon qu’a l’Imperial de revisiter tous les folklores, toutes les traditions, sans le moindre complexe, en y mettant sa patte, sa joie et sa fureur, quelque chose d’extrêmement festif et réconfortant.
A eux seuls, ils expriment bien l’âme de ce Péristyle, lieu de joie musicale manifeste.
Le Péristyle de Lyon : du jeudi 8 juin au samedi 2 septembre. Brasserie en journée. Jazz-bar en soirée. Trois sets : 19 h, 20h15 et 22h. Réservation impossible (ne pas hésiter à parier sur le set de 22 heures en cas de grosse affluence).
Le Péristyle mode d’emploi
Soit vous prenez le parti de rester debout (et encore, les places sont rares). Soit vous arrivez largement en avance (mais même à 18 heures, vous risquez de ne plus en trouver). Soit vous pariez sur le dernier set (22 heures). Soit enfin, vous arrivez à convaincre la direction de l’Opéra d’ouvrir tout l’espace accueil situé derrière les portes (mais à notre avis, c’est pas gagné).
Ce déroulé explique en tout cas que le Péristyle ne présente jamais le même visage : brasserie le jour, bar et salon de thé l’après-midi, il s’anime surtout en début de soirée, alors que les musiciens prennent possession de la scène.
Certes, on peut toujours espérer trouver une table à la fin du premier set, à 19 h 45, dans l’attente du deuxième set qui démarre à 20h15. Mais, année après année, l’affluence est telle qu’il est de plus en plus difficile de trouver des chaises libres à ce moment-là.
Bon courage.
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