Le Festival drômois dont la caractéristique est d’être dédiée au Jazz au féminin a débuté avec un concert… 100 % masculin. C’est en effet Alain Brunet, l’ancien président du Festival avec sa récente formation qui a débuté la séquence Tricastin du Festival. mais il faut bien reconnaître qu’ensuite, question jazz au féminin, l’équipe constituée autour de la nouvelle présidente, Catherine Vilalta, s’est bien rattrapé ensuite avec un point culminant, la présence sur scène à Pierelatte, de la chanteuse sud-coréenne Youn Sun Nah qui a délivré avec un seul pianiste (mais d’exception) un concert encore plus fort et plus riche en émotion que quelques semaines plutôt tôt, à Jazz à Vienne…
Le Festival de la Drôme Provençale, Parfum de Jazz a débuté le 5 août à Montségur-sur-Lauzon. Il se termine cette semaine. Pas moins de huit concerts se sont déroulés sur différentes scènes comme le veut le concept de ce festival itinérant qui traditionnellement débute dans le Tricastin pour se terminer à Buis-les-Baronnies.
La nouvelle équipe constituée autour de Catherine Vilalta, la nouvelle présidente du festival qui a succède à Alain Brunet était ravie d’avoir décroché pour sa programmation la chanteuse Youn Sun Nah, une star du jazz vocal qui avait en compagnie de la pianiste japonaise Hiromi et de Jeanne Added, attiré 3 000 festivaliers quelques semaines plus tôt, le 6 juillet dernier à Jazz à Vienne.
Ce devait être en principe la plus forte jauge de Parfum de Jazz pour ce concert qui, le 7 août devait se dérouler dans le superbe site de plein air du Rocher au cœur du vieux Pierelatte.
Malheureusement, un orage inopiné a rendu nécessaire un repli dans une salle fermée et climatisée du centre-ville à la jauge bien inférieure : seulement 400 places qui ont vite trouvé preneurs.
Ces festivaliers n’ont pas été déçu. A Vienne Youn Sun Nah était entourée de deux pianistes de renom : Eric Legnini et Tony Paeleman.
A Pierrelatte, elle était accompagnée d’un seul pianiste, moins connu : le concert se révéla pourtant beaucoup plus riche, s’agissant de la même démarche : la présentation de son dernier opus, « Elles ». Bienvenu pour un festival consacré au jazz au féminin !
Pourquoi cette réussite ? D’abord sans doute parce que le côté intimiste du show de la demoiselle sied beaucoup mieux à une petite salle. Elle lâche plus facilement ses émotions et n’hésite pas à aller au plus loin de ses capacités vocales.
Mais aussi parce qu’elle était accompagné par un pianiste particulièrement talentueux et inventif lui aussi, Benjamin Moussay qui avait installé au-dessus du clavier de son Steinway un étonnant synthétiseur modulaire hérissé de câbles de couleur ! Une double inventivité qui provoqua de jolies étincelles d’émotion.
Bref, un tour de chant très similaire à celui de Vienne, mais qui se révéla un vrai régal.
Mylène Hals en ouverture
Ceci dit, le Festival qui propose différentes formules démarra le 5 août avec un concert gratuit de belle intensité dans un fort bel endroit, certes un peu surchauffé ce jour là, de la commune de Montségur-sur-Lauzon, avec le trio de Mylène Hals.
L’occasion pour la chanteuse de jazzifier avec son trio quelques beaux standards de la chanson française signés Georges Brassens, Serge Gainsbourg, Jacques Brel, Alain Souchon, voire même Claude Nougaro leur redonnant de belles couleurs bleues ; et ce, avec talent et émotion. Une belle entame de festival.
Alain Brunet l’Australien
Le premier concert nocturne fut consacré le 6 août à Anangu Project, au sein de la superbe carrière de la petite commune de Saint-Restitut excellemment mise en valeur, une formation récemment créée par Alain Brunet en compagnie du batteur Pascal Bouterin et qui eut pour caractéristique ce soir là, d’être 100 % masculin : bizarre pour ouvrir le bal au féminin !
Une formation qui sort aussi de l’ordinaire car mettant en action parmi ses instrumentistes, le joueur martiniquais de didgeridoo, Sylvestre Soleil, un instrument d’ordinaire absent du jazz.
Un Jazz fusion plutôt réussi qui a emmené le public dans des contrées musicales nouvelles et fort attrayantes. Un opus est en préparation annonça Alain Brunet. Patience.
La nouveauté Jazz Gourmand
Innovation cette année de la nouvelle équipe de Parfum de Jazz avec l’arrivée des concerts Jazz Gourmand. Des concerts gratuits, programmés à 18 heures, en lever de rideau des concerts du soir, mais accompagnés notamment de vins de Grignan-les-Adhémar, l’appellation locale et de nourriture distillées par des food trucks.
Trois d’entre eux ont permis aux festivaliers de tester ce nouveau concept.
Le premier se déroula le 7 août, faute de salle du Rocher, dans le parc repli du parc de la salle-des fêtes de Pierrelatte avec Donkey Vibe Quartet, une formation à l’instrumentation originale mélangeant le violon, la guitare et l’orgue Hammond.
Le second, le 8 août, toujours à Pierrelate vit l’arrivée sur scène du Duo Marie Armande, créé il y a six ans et dont le fil conducteur est l’insularité, avec des reprises de la musique des chansons traditionnelles des Caraïbes. Un concert plus proche de la musique du monde que du jazz, mais bon.…
Enfin le troisième et dernier Jazz Gourmand se déroula le 9 août au parc de la Chocolaterie de Donzère, un bel endroit arboré qui permit d’entendre une fanfare valentinoise, « l’Attraction à vent » qui interprète des standards du jazz façon « Blue train », voire « les cornichons » de Nino Ferrer, à sa sauce, plutôt plaisante.
Ana Carla Maza, une énergie facile
Pour terminer le panorama de cette première semaine, deux femmes très différentes firent irruption sur scène, respectivement les 8 et 9 août : Ana Carla Maza, plus proche de la musique du monde que du jazz et Chocho Cannelle qui introduit dans le jazz un instrument plutôt rare, la harpe et pas n’importe laquelle…
En ce qui concerne la première, la violoncelliste et chanteuse Carla Ana Maza, d’origine cubaine, qui s’est produite à la salle des fêtes de Pierrelatte, on ne peut nier son énergie et son vaste sourire omniprésent, mais la belle qui a tout-de-même près de quinze ans de cours de violoncelle à Paris a choisi la facilité.
Ses quelques improvisations au violoncelle, plutôt prenantes illustrent ses capacités, mais tout au long de ce concert, on reste solidement sur sa faim, même si son énergie débordante emballe le public qui finit la soirée debout en dansant.
On aurait préféré plus de profondeur : elle en est fort capable mais se contente de faire le show. De la même façon, elle met peu en valeur sa formation, pourtant talentueuse (ici Irving Acao au saxophone et à la flûte). Dommage.
Chocho Cannelle : harpe au cœur
La facette tricastine du festival se termina à Donzère en plein air avec la découverte d’une formation pour le moins originale, « Chocho Cannelle », lauréate du concours national de Jazz de la Défense à Paris et révélation de « Jazz Magazine ».
Originale car son cœur musical est constitué par une harpe, de plus très spéciale, en l’occurrence une harpe électro llanera, d’origine colombienne qui possède un micro par corde soit… trente-sept micros !
Là encore, un jazz fusion envoûtant, même si on aurait aimé plus d’impros du côté de la harpiste, Camille Heim, la plupart des compositions étant signées du batteur Léo Danais.
En tout cas un joli final pour cette première semaine et une belle découverte.
Bref un nouvelle fois, Parfum de Jazz a joué dans sa programmation la carte de la diversité dans son choix du jazz au féminin, ce qui fait l’intérêt de ce festival qui fête cet été son 25ème anniversaire…
A suivre…
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