Soirée réunissant deux formations des plus grands pianistes de la musique cubaine : le pianiste Omar Sosa entouré de la violoniste-chanteuse Yilian Cañizares, du percussionniste Gustavo Ovalles et en deuxième partie le maestro Chucho Valdès, avec quatre musiciens et le trompettiste Terence Blanchard pour un hommage à Roy Hargrove,
Une soirée bénie par un temps clément, une bise légère, une température enfin supportable et une jauge de 3200 spectateurs, très réceptifs avec quasiment aucun départ avant 23h30 – heure fatidique pour celles et ceux qui sont dans l’obligation prendre le dernier train ou pour les fatigués de nature ou pour les « j’en ai assez entendu pour ce soir, chéri(e) on y va !!!… ».
Cette soirée s’annonçait bien équilibrée musicalement avec deux personnalités fort différentes mais ayant de multiples points communs. : les origines cubaines, la musique latino, le jazz, l’art de l’improvisation, la permanence des projets et des parcours artistiques exceptionnels.
Energie, poésie et élégance
Omar Sosa – Yilian Cañizares- Gustavo Ovalles
Parcours
Omar Sosa – piano
54 ans, pianiste, compositeur, arrangeur, producteur, percussionniste, leader de groupes, il a joué et collaboré avec des musiciens du monde entier que ce soit dans ou hors de ses domaines de prédilections. Il décrit sa musique comme une expression de l’humanisme et de la Santería. 32 albums à son actif et 4 nominations aux Grammy Awards.
Yilian Cañizares – violon, chant
36 ans, née à la Havane, enfant prodigue, elle étudie le violon dans la capitale, puis part pour Caracas en 97 et rejoint définitivement la Suisse en 2000. C’est là qu’elle commence la pratique du jazz et du chant. Qualifiée de révélations de l’année 2013 par le nouvel Obs, son album « Invocation » est classé l’un des dix albums incontournables de 2015. Elle enseigne également l’improvisation au violon à l’Ecole de Jazz de Lausanne.
Gustavo Ovalles – percussions
D’origine vénézuélienne, il se tourne très vite, après 5 ans d’études au conservatoire de Caracas, vers la percussion et la danse traditionnelle vénézuélienne puis part à la Havane pour travailler avec des maîtres de tambour religieux « batas ». Arrivé en France en 1997, il joue avec de grands artistes du monde de la salsa, du jazz et partage sa musique traditionnelle au travers de multiples concerts.
Aguas
Le trio présentait Aguas,un album écrit, produit par Omar et Yilian,dédié à l’eau et à Oshun, la déesse de l’amour, maîtresse des rivières dans la tradition Lucumí de Yoruba, (Santería).
Débutant par un longue intro chantée par Ovalles, le groupe enchaine un mixte d’instrumentaux et de chansons marquées par les racines afro-cubaines, la musique classique occidentale et le jazz.
Les chansons oscillent entre l’intime et une énergie parfois fortement débridée, dans une réelle complicité humaine et musicale. Le plaisir de partager est palpable, la subtilité et la poésie du discours permanent.
Omar Sosa, très présent, souriant, charismatique, spontané, dynamique dans son jeu et dans ses improvisations n’a de cesse de bouger, sourire, solliciter ses acolytes, créant ainsi une ambiance joyeuse et détendue sur scène. On l’a vu plusieurs fois debout devant son piano, puis dansant avec Yilian, généreux dans sa musique et son attitude. Jouant sans équivoque avec la main gauche sur synthé (basse latino) et main droite au piano (thème et rythmique), Sosa n’a de cesse d’exposer, de développer, de créer des tensions et de résoudre.
Dialogue efficace entre chaque protagoniste, dans une belle cohérence des prises de paroles, les histoires s’enchainent dans une belle fluidité.
Le chant est servi par la voix précise, légèrement granuleuse de Yilian. Cette élégante jeune femme, véritable virtuose du violon possède une présence certaine, un sens de l’autre et une simplicité naturelle. Plusieurs fois elle fait part au public de sa joie de se trouver sur cette scène de Vienne (mythique pour la majorité des musiciens) notamment en présence d’Omar, de Gustavo et de Chucho Valdès qu’elle semble par ailleurs vénérer.
Ses improvisations au violon, parfois desservies par un manque de puissance sonore, sont bien construites, maitrisées et audacieuses.
Gustavo lui est un maitre incontestable (entre autre) des maracas : un solo/duo avec Omar a été particulièrement remarqué et remarquable.
Tout fonctionne parfaitement dans une belle dynamique, mais sans grande originalité.
Une salve d’applaudissements ponctue cette première partie de soirée agréable, remplie d’une bonne humeur, d’énergie et d’élégance.
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