Teriya Silo
Loin des grands barnums ce sont près de trois cent personnes qui étaient présentes lors de la soirée d’ouverture du festival « Du Foin sur les Planches » samedi dernier dans le cadre somptueux d’une immense grange – une charpente historique – prêtée pour l’occasion par un couple de bénévoles de l’association organisatrice « Courant d’Art » dans la commune de la Chapelle de Mardore.
Pour cette soirée jazz, le groupe grenoblois « Terya Silo » et le duo Apollo Blue.
Commençons par le duo Apollo-Blue constitué de Pierre Freduccini à la guitare électrique et de Lucie Bottala-Gambetta au chant. Ce duo crée en 2017, propose une traversée des différentes phases historiques du jazz, des années 30 au jazz fusion en passant par la soul et le blues.
Apollo Blue fonctionne dans une grande complicité, les enchainements et le choix des titres sont judicieux dont la majorité est constitué des plus grands succès de ces dernières décennies. On reconnait des chansons d’Ella Fitzgerald, Etta James, Joao Gilberto, Stevie Wonder, T-Bone Walker, Michael Jackson, Peggy Lee, Ray Charles, Amy Winehouse. Excusez du peu.
Lucie Bottala-Gambetta se révèle une chanteuse marquée par Etta James, sachant s’adapter à toutes les périodes et gardant sa personnalité ; ça racle à notre plus grand bonheur. La prononciation est parfaite, beaucoup d’aisance dans les moments plus libres et une belle présence. Dans ce type de répertoire et de formats, il est indispensable d’être attentif à la relation au public : Lucie le fait naturellement et avec beaucoup de générosité.
Quant à l’accompagnement, Pierre Fredenucci se révèle – dans un type d’exercice plutôt ingrat – un guitariste solide et un arrangeur subtil, créant un soutien rythmique et harmonique fidèle aux originaux. Le toucher est fin, les réductions bien élaborées sans effet sinon un looper qui permet de faire respirer les morceaux avec des solos toujours progressifs et envoutants.
Pierre Fredunucci vient de Tournon et après avoir traversé le rock, la pop, le blues, sa rencontre avec le comorien Gilbert Mlanao va l’ouvrir à l’improvisation, au jazz rock et aux musiques africaines. Puis le conservatoire de musique de Chambery lui fait rencontrer Pierre Drevet, Jean Louis Almosninos et Jean Paul Hervé. Il obtient son DEM en 2018 et rentre dazns le métier en 2019.
Un duo et deux artistes à suivre de près.
Dans un tout autre registre le groupe Teriya Silo qui signifie « vers le chemin de l’amitié » chante l’expérience d’un départ vers un pays étranger. Le groupe est construit autour de Bala Bangoura aux koras, au chant et aux percussions, Mathieu Imbert à la batterie, Toavina Adriaman-Jato à la basse et au chœur, Pierre Fredenucci à la guitare électrique.
Teriya Silo est un ensemble très groovy où l’on retrouve des musiques traditionnelles du Sénégal (M’balar, Mandingue, Sabar) et d’occident (Jazz, Rock, Soul, Blues).
Bala Bangoura compose, chante et s’accompagne principalement de deux Kora fabriquées par ses soins. Magnifique et généreux chanteur, c’est un énorme rythmicien tant dans sa phraséologie que dans le jeu aux koras et au jumbé où il explose littéralement.
Musique qui laisse la place à chacun, où chacun excelle à sa place : Pierre Fredunicci toujours pertinent, précis et équilibré dans ses solos, Mathieu Imbert solide et inventif, Toavina Adriaman-Jato gardant résolument un flegme et une assise dans les complexités rythmiques proposées.
N’oublions pas la très bonne sonorisation réalisée par Dodi Frangin.
Une très belle soirée, largement appréciée.
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