Thomas Naim Trio – Sounds of Jimmy – passait dans le cadre du Rhino Jazz(s) 2021 le vendredi 15 octobre. Le projet était ambitieux… Revisiter une partie non négligeable du répertoire de l’icône de la guitare électrique – Jimmy Hendrix– et dans un style à dominante jazz : il fallait oser. C’est fait et c’est bien fait.
Comme avec Hendrix, la base c’est le trio guitare/basse/batterie. Ce format est une addition de 3 solistes, d’un 2 +1, et dirigé par un leader qui donne le cap. Chaque musicien doit tenir résolument sa partie tout en filant dans le même sillage.
Difficile mais génial quand ça marche.
Pour ce projet, Thomas Naïm s’est entouré d’une excellente section rythmique : le batteur Raphaël Chassin (de Salif Keita à Johnny Halliday…) et le bassiste Marcello Giuliani (Erik Truffaz). Tous deux ont été vraiment impressionnants : Raphaël Chassin possède une frappe colorée, puissante, chirurgicale. On sent une grande expérience et en même temps une fraicheur de jeu. Le bassiste Marcello Giuliani fait un travail remarquable dans le fond du cours, inlassable, dans une omniprésence inventive. Une section rythmique bien huilée.
Thomas Naïm a eu la bonne idée d’adjoindre à son trio – selon le choix des morceaux – deux autres artistes : l’organiste (orgue hammond) Camille Bazbaz, qui par ses interventions – mixte de reggae, de soul, de blues apporte à l’édifice un groove à réveiller les morts et le chanteur le Hugues Coltman, toujours aussi généreux, efficace et présent.
Thomas Naïm, compositeur, guitariste jazz, producteur dirige le tout avec finesse. Son style est au carrefour de Metheny, Frissel mais pas que. Il joue sur une Gibson 345 dans une palette de sons allant du son clair, épuré avec un bon vibrato au son légèrement saturé bien blusy à la BB King ou de Scofileld, le tout sortant d’un vieil ampli Fender.
Leader du trio il assure pleinement sa fonction au sein du trio : initiateur des thèmes, posant la métrique, la pulsation, alternant la rythmique et les solos. Ses improvisations sont bien construites, inventives, fouillées, reprenant parfois quelques lignes d’Hendrix. On sent une étude poussée du Guitar Héro mais il reste bien ancré sur son identité musicale. Dans la cohérence. Respect.
On sent un groupe soudé, joyeux, heureux de partager le projet. Chaque pièce est traité tant au niveau du son global que de l’énergie avec une esthétique propre. L’esprit original est toujours là. Pas de pliagiat. Ca sonne jazz certes mais traversé par de multiples courants musicaux (Blues, rock, reggae, rythmique and blues, reggae) avec une intention bien marquée. Beaucoup de morceaux sont tirés de l’album « Sound of Jimmy » : Purple Haze, Castle Made of Sound ( avec H. Coltman), Fire, Fox Lady… J’attendais Little Wing, mais non pas ce soir.
Le fil conducteur du concert c’est le groove. Ca balance sévère quand la machinerie tourne à plein.
Lorsque Guiliani creuse inlassablement sa ligne de basse, Chassin tricote sa rythmique, Bazbaz insère ses relances, Coltman balances ses blues et que Naïm nous tire vers le haut du manche.
Très bon concert, sonorisation de la soirée impeccable, salle pleine, public ravi.
Que demander de plus pour un vendredi soir ?
On peut écouter son dernier disque « Thomas Naïm » « Sounds of Jimi »( Rootless Blues /L’Autre Distribution)
Suivez le Rhino Jazz(s), la programmation est superbe.
Je conseille vendredi soir, The Buttshaker. j’y serai…
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