Invité des nuits de Fourvière à Lyon, dans le cadre de la nuit Soul du 22 juillet 2017, Lee Fields a enflammé le théâtre antique par sa voix éraillée et des sons » soul revival », rappelant ainsi les grandes heures de la Soul music.
Originaire de Wilson, petite ville de Caroline du nord, cet artiste a, comme la plupart des futurs grands interprètes de Soul music, appris à chanter avec la chorale gospel de sa paroisse.
Embarqué dès la fin des années 60 dans une carrière de chanteur professionnel, il a longtemps, à l’instar de son collègue Charles Bradley, imité James Brown avant de trouver sa propre voix, et sa voie personnelle.
Quelques tubes l’imposent au début des années 70 sur les radios américaines spécialisées, avant une traversée du désert durant laquelle il n’arrêtera cependant jamais de chanter. Remis en selle depuis 15 ans par le renouveau de la soul music et le label Daptone Records ( dont la chanteuse Sharon Jones a enregistré plusieurs duos avec lui ), Lee Field est aujourd’hui reconnu comme un des artistes majeurs de la soul music.
Rencontre avec ce « dinosaure » de la Soul, un homme petit, plus tout jeune, avec des faux airs de James Brown qui porte des lunettes noires en intérieur et qui parle comme un prêcheur avec sa voix charismatique abimée par les années.
Qu’est-ce que vous inspire de jouer dans le cadre du théâtre antique de Fourvière ?
Lee Fields-ça me fait un grand plaisir ! car j’aime donner au public du plaisir. Peu importe le lieu, ce sont les gens qui m’intéressent !
Quelle est votre préoccupation principale avant de rentrer sur scène ?
C’est avant tout d’être le plus naturel et authentique ! Je veux vivre toute mes chansons au plus près de ce qu’elle exprime car chaque chanson a son histoire, je veux la retranscrire au plus juste émotionellement. Mon souci est que le public comprenne l’histoire que je leur raconte en écoutant bien les paroles et en en saisissant le sens.
Cette authenticité « soul » est en moi car j’étais présent auprès de grandes figures de la soul qui me l’ont transmises! J’ai aussi beaucoup travaillé, j’étais actif à l’époque des Joe Simon, Aretha Franklin, une excellente amie…J’ai travaillé avec Wilson Pickett… j’ai aussi ouvert pour lui, pour Eddy Floyd, William Bell, Carla Thomas, Rufus Thomas…J
J’ai eu la chance de rencontrer James Brown en plein succès. J’ai chanté pour Kool and the Gang, tu vois…Tous ces artistes qui ont construit la soul.
Avec le groupe The Expression, votre musique est souvent qualifiée de différentes manières: Deep Soul, Soul Revival, Modern Soul,…Comment la nommeriez-vous ?
C’est de la soul ! car la soul est esprit et l’esprit c’est Dieu ! Nos paroles font beaucoup référence à cette peur qu’ont les gens de la sentence divine. Je fais très attention à ce que je chante car je veux être bien compris et touché, par mon message, le cœur des gens.
Vous avez croisé lors de votre carrière différentes générations de la Soul Music, quel regard portez-vous sur la nouvelle génération et plus largement sur l’évolution de la soul ?
Pour moi, la Soul est toujours la même car ce qui prévaut c’est l’esprit et plus largement la spiritualité soul. La Soul d’aujourd’hui n’a pas perdu son âme! Ce qui a changé ce sont les histoires que les artistes relatent, à chaque époque ses bonheurs, malheurs et questionnements existentiels! Si on veut que le public s’identifie aux chansons que l’on raconte, il faut que son contenu soit celui de son époque.
L’écart générationnel est important avec votre groupe The Expression, que vous apportez-vous mutuellement ?
The Expression est le groupe que j’ai attendu depuis 40 ans! Avec les musiciens, nous partageons les mêmes valeurs et la même énergie. Si j’en suis là aujourd’hui, c’est parce que j’ai beaucoup appris des autres. C’est une bonne chose.
Je connais beaucoup de musiciens qui ont cartonné dans les années 70 mais qui n’ont rien fait depuis, à part refaire les mêmes vieux shows. La différence avec eux, c’est que je travaille tout le temps, je voyage…personne ne possède le savoir absolu.
Tout ce que je peux faire, c’est monter sur scène et rendre le public heureux pendant quelques minutes, sortir des disques que les gens aimeront écouter. C’est ma contribution au monde.
Que pensez-vous du rapport du public français avec la soul ?
Partout où je chante, que ce soit à Lyon, Paris ou aux Etats-Unis, le public réagit de la même manière. Je veux me connecter à leur esprit et non à leurs corps.
Y a-t-il des artistes français avec lesquelles vous aimeriez collaborer dans l’avenir comme avec le groupe IAM cette année ?
Je veux collaborer avec chaque artiste qui a une bonne idée(sourire). Peu importe d’où ils viennent car c’est pour Dieu que je chante ici et maintenant. La soul doit être cathartique dans l’instant! Contrairement au Gospel où il est beaucoup plus question du futur.
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