Parmi les nombreuses All night jazz auxquelles j’ai eu le plaisir de participer lors de ces 20 dernières années, celles de ce vendredi 13 juillet fut l’une de celles qui m’a le plus fait vivre des émotions variées. D’un groupe à l’autre, un grand écart a été proposé dans les styles pour danser et sauter et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y en avait pour tous les goûts.
Bien que talentueux et novateur, le trio de Gauthier Toux, lauréat ReZZo focal Jazz à Vienne 2017, est apparu quelque peu emprunté dans son jeu et l’interprétation de leur élégante mélodies pop et jazz m’ont paru souvent trop pensé et écrite. Ce trio gagnerait à laisser libre cours à davantage de spontanéité. Il faut reconnaitre que montrer le meilleur de soi-même en 30 minutes n’est pas une affaire simple ! A redécouvrir plus longuement…
Puis Dhafer Youssef a ouvert le bal avec une introduction profonde et mystique au oud qui a capté voire hypnotisé d’emblée les quelques 6 000 personnes présentes au théâtre antique. Accompagné d’excellents et inspirés musiciens, Isfar Sarabski au piano, particulièrement touchant par sa finesse mélodique, Justin Faulkner à la batterie, gracieux et puissant dans son jeu et Matt Brewer, excellent contrepoint de ses partenaires de jeu. Ces 3 cadors américains sont ceux que l’on retrouve sur le dernier album de Dhafer Youssef « diwan of beauty and odd » ( en français, « recueil du beau et du bizarre ») paru en 2016 et enregistré à New-York. Ils nous l’ont fait découvrir avec grâce, un périple empreint de chants soufis parsemé de poèmes arabes avec des performances vocales exceptionnelles !! de la spiritualité, de la sensibilité, de la force, que demander de plus à un artiste !?
Morcheeba a emboité le pas pour une musique qui a trouvé son public comme en témoigne les nombreux départs après le concert, un tiers du théâtre antique tout de même ! Une soul cocooning, un groove casanier, paisible et serein jamais frileux mais jamais vibrant et touchant non plus à mon humble ressenti. La voix de Skye Edwards, singulière par le fait de faire fi de son larynx, des cordes vocales et des tics de diva touche ou ne touche pas. Pour ma part, je n’y ai pas été sensible. Et que dire de l’interprétation de « let’s dance » qui m’a paru bien pâle comparativement à celle que j’avais pu entendre de son compositeur Niles Rogers dans ce même théâtre il y a quelques années. Pour tout dire, je me suis ennuyé et j’en ai profité pour me restaurer en attendant d’être à nouveau éveillé par le groupe suivant : Electro Deluxe.
Cette formation a frappé très fort pour cette All night jazz ! 1h30 de feu sur la scène du théâtre antique, un mélange de hip-hop, funk, soul et jazz porté par l’énergie et la voix de crooner James Copley. Un chanteur plein d’humour et de malice qui a su faire participer le public envouté par sa prestation. Et sur scène quelle classe ! avec son faux air de Cary Grant et Sean Connery dans leurs plus jeunes années, avec un costume cravate tirés à 4 épingles, il s’est déplacé avec élégance, toujours dans le bon tempo, bref plein de sex-appeal, les dames ont dû apprécier ! Malgré l’heure tardive, le public était déchainé et bien survitaminé par cette musique pleine d’enthousiasme et de joie. Captivant et bienvenu après le passage maussade de Morcheeba.
La fête s’est poursuivi avec le raï de de Sofiane Saifi et Mazalda. Un plaisir de pouvoir se dandiner sur cette musique comme dans les années 90, un genre qu’on pouvait craindre d’être mort avec le déclin de Khaled, Cheb Mami et consorts ou réduit à quelque lieu à chicha des périphéries urbaines. Eh bien rassurez-vous, le raï est bien vivant grâce à la voix rauque et enfumée de ce quadragénaire parisien originaire de Sidi Bel Abbès en Algérie. Venu avec le groupe lyonnais Mazalda, Sofiane Saidi a renoué avec l’ âpreté des origines, mélangeant batterie et derboukas, flûte électronique et flûte de roseau traditionnel sans pour autant se fermer à de nouveau son, comme celui de son prestigieux invité, le oudiste électrique Mehdi Haddad. Adaptées de vieux morceaux raï, ses chansons suintent le blues, tantôt tendres, tantôt festives mais toujours incarnée avec forte présence et générosité. Frissonnant !
Sans aucune transition, la nuit s’est achevé avec le furieux trio new-yorkais Moon Hooch. 2 saxophonistes et un batteur sur scène avec des attitudes de hard rockeurs . Balancement de tête, en agitation permanente pour une musique répétitive, lancinante et décadente, empruntant au Free Jazz, à la House, au dubstep et au hip hop. Les quelques survivants de la All night jazz ont adoré, un public d’ailleurs plus proches de celui que l’on voit aux Nuits sonores qu’à Jazz à Vienne. A bon entendeur….
Et puis je sors de la nuit du jazz, pour reprendre le cours de ma vie…
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