La compagnie « Impérial » réunit des musiciens parmi les plus actifs et créatifs de la scène française avec des formations à géométrie variable et aux projets originaux toujours défendu avec force et talent.
Durant une semaine, la compagnie était en résidence à l’Amphi de l’Opéra et assurait trois soirées – jeudi 7 décembre avec l’Impérial Quartet – un grand carnaval sans frontière, un univers aux multiples facettes, habité par la fête, vendredi 8 avec l’Impérial Orphéon et samedi 9 avec l’Impérial Pulsar – collaboration avec des musiciens africains sur une base de polyrythmies et de cycles harmoniques.
Mais revenons sur la soirée du vendredi 8 avec la formation de « l’Impérial Orphéon » et ses quatre musiciens – Rémy Poulakis : accordéon, chant – Gérald Chevillon : saxophones basse, soprano, effets électriques – Damien Sabatier : saxophones baryton, alto, sopranino, thérémine, effets électriques et Antonin Leymarie : batterie, percussions.
Ce projet propose un répertoire de morceaux de bal – répertoire qu’ils qualifient de « moderne et de caractère » : il est constitué de choros brésiliens, thèmes bulgares, gnawa, de compositions originales – le tout enrobé de chants rossiniens, d’airs d’opéra ré-adaptés .
C’est une véritable invitation à la danse que nous offre cet » l’Impérial Orphéon » menés par de très grands improvisateurs.
Rémy Poulakis – d’une aisance quasiment indécente tant au niveau instrumental que vocal, toujours à l’initiative, à l’affut, au rebond du moindre signe, note, respiration, silence, tension, susceptibles d’alimenter le propos.
Gérald Chevillon qui creuse un sillon rythmique avec son saxophone basse parfois additionné de judicieux effets électriques, offrant à ses partenaires un mur sonore imperturbable aussi mouvant qu’émouvant.
Damien Sabatier, enveloppant les thèmes, les étirant, créateur de surprises, virtuose du sopranino et enfin Antonin Leymarie, l’artisan de la frappe contenue, explosive, nourrissière, qui utilise son instrument dans un permanent renouvellement de timbres de densité, d’imaginaire.
On est vite pris sous le charme de leur richesse de jeux mais c’est bien leur créativité qui étonne le plus, nourrie par un vocabulaire musical très ouvert sur le monde et dans une impertinence qui bouscule au point de chavirement.
Avec ces quatre là, tout peut se passer, chacun s’inscrivant dans le discours commun tout en gardant une individualité forte et complémentaire.
Regards – écoutes – bien veiller : une réelle communauté sonore.
Ainsi – dans l’énergie irriguée par ces phénomènes comme dans l’énergie miroir que leur transmets le public, on se surprend à les suivre, à les deviner, à les perdre, à les trouver, à se retrouver, dans une euphorie communicative.
Nous sommes bien en présence de libres joueurs, festifs, et généreux.
Un excellent concert, applaudi comme il se doit par un public chaleureux , fort peu préoccupé par la fête des lumières du 8 décembre.
Impérial Orphéon – « De la balle » vous dis-je. A voir et revoir sans modération.
Une interview de Rémy Poulakis sortira en janvier prochain sur ce site.
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