Il vit sans doute la pire crise de son histoire : fermé du 17 mars au 17 septembre, le célèbre caveau a dû refermer ses portes le 1er novembre. A quand l’autorisation de réouvrir ? Isabelle Gireau, nouvelle présidente du Hot Club, compte bien en tout cas réouvrir dès que possible. En attendant, le Caveau fait le dos rond, peaufine ses projets et compte sur ses partenaires et son public pour se maintenir financièrement
Un exemple pour toucher du doigt la galère que vit la Culture aujourd’hui et les lieux dans lesquels elle se transmet ? Pas besoin d’aller très loin : le Hot Club de Lyon, qui est resté fermé du 17 mars au 17 septembre (six mois donc) en raison du premier confinement et qui avait donc rouvert ce jour-là est à nouveau fermé. La chose a quelque chose d’historique : sauf erreur, en 72 ans d’existence, le plus vieux Hot Club de France n’avait jamais fermé ses portes sur une si longue durée et donc enduré une telle épreuve.
Exit les Big Bands pour cause de risque sanitaire
Surtout que la réouverture du 17 septembre n’avait rien eu de simple : « non seulement la jauge maxi avait été ramenée à 30 personnes (au lieu de 90-100 habituellement) mais on avait multiplié les précautions : gestes sanitaires, gel, signalement au sol, distances respectées entre les spectateurs et séparation des chaises », explique Isabelle Gireau, nouvelle présidente du Hot, qui a pris la suite de Sami, parti récemment à Lille pour des raisons professionnelles.
Pour plus de prudence, tout comme le premier rang devant la scène, la banquette qui jouxte le bar avait été condamnée par peur des files d’attente qui risquaient de se former au moment de l’entracte. Last but not least, et toujours dans la même optique, le Hot a déprogrammé tous les big bands qui ont l’habitude de se produire sur sa scène, là encore pour limiter les risques de transmission.
« On rouvrira dès qu’on le pourra », dit Isabelle Gireau
On se rappelle des épisodes : les autorités ont tenté de limiter la casse en imposant d’abord un cessez-le-feu qui permettait aux salles de spectacle d’arriver à ouvrir au prix d’incroyables contorsions : concert à 18 heures, ou le dimanche après-midi etc..
Malheureusement, devant les chiffres de contamination, on a eu à nouveau recours au confinement (le 1er novembre).
Jusqu’à quand ? Nul ne le sait et sans doute même pas les autorités les plus concernées, tant cette pandémie est imprévisible. Et dans cette perspective, le Hot Club se tient prêt : « si on peut ouvrir avant janvier, on le fera, explique la présidente, en fait on rouvrira dès qu’on le pourra ».
La nouvelle présidente aurait pu rêver mieux comme atterrissage que celui de gérer cette crise qui remet totalement en cause le modèle du Hot Club, association 1901, qui reste au bout de 72 ans le point de référence du jazz à Lyon, programmant ordinairement 4 concerts par semaine –tous styles, toutes tendances, toutes formations.
« En effet, c’est inédit et ça fiche un coup ; sur tous les plans : artistique, financier, car le Hot a besoin de tenir », explique Isabelle Gireau.
Surtout, qu’après avoir longtemps été le temple du bénévolat où les musiciens venaient jouer gratuitement, le Hot a décidé de les rémunérer et de sortir de l’ancien schéma financier. Embauche d’une administratrice (Barbara Ribeiro), quête de légitimes subventions, modulation des cachets des musiciens en fonction des entrées : « c’était un premier pas, on voulait vraiment aller vers leur rémunération ».
Désormais, et c’est encore tout le paradoxe de cette fermeture forcée : en quelques mois, le Hot s’est fortement structuré : plus gros budget mais à l’inverse présence de trois salariés et mise en place de commissions qui se partagent le boulot. La plus importante est sans doute la commission Programmation qui est animée par des musiciens piliers du Hot dont Olivier Truchot, le référent, tout comme Thomas Blaisel, Thibault François, Zaza Desiderio, Josselin Perrier ou encore Gilles Courbon et Guy Vial. L’objectif –qui n’est jamais simple à tenir- est de faire jouer ici tous les jazz, qu’il soit traditionnel, européen, américain, poétique ou expérimental, sans oublier le jazz vocal, les big bands etc. Ajouter à cela de s’ouvrir aux plus jeunes : « être un lieu d’accompagnement et organiser des ateliers, souligne Isabelle Gireau. Ca se met en place doucement ». Outre les concerts d’élèves ou de professeurs organisés trois dimanches dans l’année, le Hot a lancé juste avant cette nouvelle fermeture, une initiative vocale un dimanche par mois, en partenariat avec l’école Voix sur Rhône. Aux commandes de la chose Jérôme Duvivier.
Tout ça est donc actuellement en stand by. Qu’il s’agisse du festival annuel –celui de 2020 a dû être annulé, quid de l’édition 2021 ?-, ou de la date de réouverture et des conditions qui seront alors imposées.
Seule activité pérenne, les répétitions. S’il est fermé au public, le Hot Club bénéficie en effet de suffisamment de place au sous-sol pour accueillir les formations qui le souhaitent. Et souvenons-nous que depuis plusieurs années, les équipes du Hot planchent sur la possibilité d’aménager un jour le sous-sol que le propriétaire met à leur disposition.
Isabelle Gireau : du jazz vocal à la présidence du Hot Club
Tout cela constitue en tout cas beaucoup d’incertitudes pour la nouvelle présidente. Au civil, professeur des écoles, Isabelle Gireau a démarré par le jazz vocal, pratiquant durant plusieurs années et fréquentant le Hot mais surtout la Clef de Voûte ou le Boulevardier. Peu à peu, la jeune femme s’est rapprochée des milieux du jazz jusqu’à intégrer il y a quelques années l’équipe du Hot.
Aujourd’hui, à elle donc de présider aux destinées du célèbre caveau et de privilégier diverses orientations. La liste est longue, qu’il s’agisse d’aménagements intérieurs, d’inflexions artistiques, de mise en place d’une restauration légère pour ceux qui le souhaitent et surtout quid du nombre de concerts hebdomadaires ramenés au fil des ans de 5 à 3 par semaine. Passons sur les inflexions artistiques, sur les efforts de communication, la recherche de soutiens (voir ci-contre) et le développement de partenariats, notamment avec quelques festivals de jazz proches.
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Adhérer à l’association du Hot Club : 12 euros par saison
Le Hot a toujours pratiqué des tarifs a minima, sauf cas très exceptionnels, lors de la venue de Ron Carter et autre Dave Liebmann.
Parmi les solutions pour réduire le prix de son entrée, l’adhésion à l’association du Hot Club de Lyon.
“Être membre signifie que l’on soutient le lieu, explique Hélène Gireau. La carte d’adhérent coûte 12 € pour une saison. Elle donne droit à des tarifs réduits sur l’ensemble des concerts et à une entrée gratuite pour la personne de son choix”. Cette adhésion est d’ailleurs systématique ; les bénévoles comme tous les musiciens en sont également membres. Et les musiciens qui répètent au Hot Club ne peuvent le faire que s’ils possèdent la carte en question”.
Autre moyen de venir en aide au Hot Club, les dons ou bien sûr les partenariats ou les mécénats. Heureusement, entre les dons spontanés et la mise en place de partenariats que recherche désormais le Hot Club, celui-ci semble traverser ce no man’s land sans y laisser trop de plumes.
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