Mardi 28 juin, 20h30, le théâtre antique de Vienne reprend vie. Nouvelle quinzaine, nouvelle édition. Nouvelle direction.
Nouvelle programmation mais, dans le fonds, rien de changé dans ce qui est, année après année, le premier vrai festival de jazz de l’été. A noter toutefois quelques écarts avec le passé tel cet étrange démarrage qu’on se doit de saluer, puisque rompant avec une longue tradition qui voyait les festivités démarrer le vendredi, le festival s’élance cette fois ce mardi soir.
Certes, le risque d’insuccès est limité puisque tout démarre avec Ibrahim Maalouf, l’un des musiciens les plus cités actuellement, qui propose une étonnante soirée propre à mettre en relief, dans un théâtre qu’on espère complet, la plénitude particulière de son univers musical et de son approche du jazz nourri de multiples influences. Pour ce faire, plongeant dans ses racines musicales, le trompettiste mènera de front un double hommage dont la juxtaposition n’est pas sans sel.
Le souvenir d’Oum Kalthoum
Il y a belle lurette que, loin du Caire, le souvenir d’Oum Kalthoum s’est estompé. C’est pourtant à cette chanteuse égyptienne décédée en 1975, considérée comme la plus grande vocaliste arabe, qu’Ibrahim Maalouf dédiera son entrée en scène. On en sait un peu plus sur cet hommage grâce à l’album sorti il y a peu et qui revient sur les sortilèges de cette artiste connue pour avoir rencontré partout où elle s’est produite un succès prodigieux.
Et comme pour mieux insister sur la course du temps à laquelle la musique n’échappe surtout pas, le trompettiste s’élancera ensuite vers des univers plus récents, à travers ce Red & Black Light, autre disque sorti il y a peu et qui a fait appel à du très beau monde dont Eric Legnini. Ce faisant, l’artiste prouve à sa façon qu’il n’y a surtout pas de temps à perdre pour arpenter pleinement un univers musical riche à foison.
On reviendra par la suite sur la programmation de l’édition (voir un peu plus loin notre première présentation).
Mais retenons surtout que la trompette restera indéniablement l’héroïne de la soirée du lendemain puisque Jazz à Vienne rendra hommage à l’un des musiciens les plus attachants découverts sur cet instrument : Chet Baker.
Hommage à la complexité
Il s’agit là encore d’un hommage. Hommage au trompettiste, hommage au chanteur, hommage à cette complexité qui ne transparaît pourtant pas forcément dans ces mélodies si épurées qui ornent la très riche discographie du musicien.
Le programme de la soirée est riche : Erik Truffaz d’un côté avec son quartet, of course (Marcello Giuliani à la basse, Arthur Hnatek aux drums, Benoît Corboz au piano, soit quasiment les mêmes que ceux ayant livré Doni Doni en début d’année), renforcé d’Oxmo Puccino.
Le contraste entre la retenue de Truffaz et le discours rythmé d’Oxmo Puccino fait merveille même si l’on n’y retrouve pas forcément les accents du Chet.
Il reviendra peut-être à Bojan Z et au quasi big band invité à ses côtés de s’aventurer vers d’autres facettes du trompettiste : outre le quartet, sont attendus en effet un quatuor à cordes et plusieurs chanteurs-chanteuses et trompettistes : Airelle Besson, Stéphane Belmondo et Eric Truffaz itou. Côté voix, seront notamment de la partie Hugh Coltman qu’on retrouvera le 5 juillet rendant hommage à Nat King Cole, Sandra Nkake et Yael Naim.
Sans oublier le réalisateur de l’ensemble : Clément Ducol qui n’est pas mécontent des rencontres entre chanteurs et instruments que ce projet a provoquées. Reste enfin à signaler la venue du maître de cérémonie.
Appelons-le comme on veut : le contrebassiste Riccardo del Fra, qui a d’autant plus connu et apprécié Chet Baker qu’il l’a accompagné durant plusieurs tournées en Europe.
Le contrebassiste italien mais aujourd’hui parisien avait d’ailleurs honoré le Hot Club de Lyon d’un concert un peu particulier en début d’année, dans ce lieu où Chet Baker, un soir, avait eu le plus grand mal à jouer de son instrument mais n’avait pas hésité à chanter une partie de la nuit.
Arrêtons-là le déroulé des soirées qui vous attendent jusqu’à la dernière nuit du festival.
Le Big Band de Saint-Priest à Cybèle
Retenons plutôt que le festival démarrera en fait bien avant 20 h 30 : comme on le sait, c’est à Cybèle, qui dresse haut ses murs romains à quelques mètres de là que le Big Band de Saint-Priest démarrera les festivités de Jazz à Vienne 2016.
A 12 heures. Hommage rendu au jazz qui prospère à Lyon, hommage aussi à ces grands orchestres qui, année après année, perdurent avec toujours autant de fougue.
Là aussi, peut-on considérer qu’il s’agit là d’un hommage à ne pas manquer même si l’horaire n’a rien de fastoche. On pourra se rattraper ou poursuivre le lendemain puisque ce sera au tour du Big Band d’Oullins d’investir les lieux.
Le reste, c’est Benjamin Tanguy, désormais aux commandes de l’artistique du festival, qui devrait vous le dévoiler.
Bon festival !
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