Robinson Khoury Quintet,
Le tromboniste viennois Robinson Khoury et son quintet présentaient son dernier album «Broken Lines » samedi 4 mai, dans une salle correctement remplie de l’Espace Tonkin à Villeurbanne.
Il était entouré de jeunes musiciens Pierre Tereygeol à la guitare acoustique, Mark Priore au piano, Alexandre Perrot à la contrebasse ( remplaçant à la volée au pied levé Etienne Renardhabituellement membre du quintet ), Elie Martin Charrière à la batterie,
Les compositions de «Broken Lines » offrent une large palette de couleurs, d’ambiances, de formats. On entend les marqueurs du Metheny Group, de Brower, de Britten, des musiques populaires de Mongolie. Chaque pièce est à chaque fois intelligemment développée, dans une pluralité d’expositions, et dans une variété de sonorités aux effets utilisés par le trombone et la guitare.
Les thèmes sont très complexes sans être tortueux, le discours des solistes sont généreux sans être bavard et on est vite transporté dans différents univers.
L’originalité de ce quintet repose sur l’utilisation de la voix qui vient en complément des instruments que ce soit en solo (Robinson Khoury sur « Earth and Space », Pierre Tereygeol sur la quasi-totalité du concert) ou par l’ensemble des cinq membres. L’effet est saisissant : les pièces basculent immédiatement dans une dimension quasi symphonique. Une subtile co-existence du classique au jazz.
(Il est vrai que Robinson Khoury était membre de la maitrise de l’Opéra National de Lyon.)
Que dire des musiciens de ce Quintet et en premier lieu de Robinson Khoury ? Outre sa fonction de leader qui laisse naturellement la place à ses acolytes et de compositeur, c’est un grand instrumentiste. Il allie le phrasé jazz, classique, contemporain : le timbre est clair, plein, sans utilisation du vibrato ou du glissendo si couramment utilisés en trombone dans un spectre sonore allant de la double note au suraigu et le contre grave. Une grande facilité d’improvisation tout en restant dans la cohérence de son discours. Un tromboniste plutôt prometteur.
Pierre Tereygeol est à la guitare acoustique folk et au chant. Comme guitariste, il est surprenant. Son jeu aux doigts à la main droite est une réelle originalité dans un quintet jazz. Très subtil il intervient pour consolider le propos dans des arpèges brisés et ses improvisations – tortueuses à la première impression se révèlent très structurées et limpides. J’ai beaucoup pensé à Ralph Towner (sa guitare n’est ele pas monté à la quarte ?). Et comme chanteur – c’est tout aussi surprenant. Mélodies complexes dans les contrechants, il navigue avec aisance et justesse dans le grave, le gutural (Huun Hurtu) comme dans l’aigu.
Concernant le contrebassiste Alexandre Perrot, on ne peut qu’être admiratif – rien ne permettait de dire qu’il avait remplacé au pied levé le contrebassiste habituel du quintet tant sa mise en place, ses interventions sont fluides et en accord avec le band.
Mark Priore au piano, solide rythmicien et aérien dans ses harmonies ajoutent une dimension californienne à l’ensemble.
Enfin Elie Martin Charrière à la batterie, oeuvre tant en soutien que comme soliste avec un large vocabulaire : présent, élégant et puissant.
Un grand plaisir de se laisser embarquer par ces jeunes talents, complices et engagés.
A noter la grande qualité de la sonorisation et des lumières.
Ce quintet comme tous ses membres d’ailleurs sont à suivre, a voir et revoir.Vraiment un beau concert.
CD : «Broken lines »
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