Je les avais raté en juillet dernier lors de leur passage au Péristyle de l’Opéra et je me faisais une joie d’aller au concert d’Antoine Boyer (guitare) et Yéore Kim (harmonica chromatique).
Et je ne fus pas déçu. Ce fut un bon et très agréable concert.
A 24 ans, Antoine Boyer est un virtuose en guitare jazz manouche, disciple de Mandino Reinhardt et Francis-Alfred Moerman qui navigue également dans les univers du classique, du rock, du flamenco et des musiques brésiliennes.
Son épouse, Yeore Kim, harmoniciste chromatique, tourne depuis son adolescence sur la scène jazz coréenne. Multi-instrumentiste, elle joue aussi de la trompette, de la batterie, du violoncelle et du piano… Dotée d’une maîtrise de l’Université de musique de Séoul, elle a remporté des concours comme l’Asia Pacific Harmonica Festival, le Seoul Harmonica Festival et le World Harmonica Festival. Elle a joué dans divers groupes de musique dans différents styles (jazz, reggae, tango, pop, rock) et tournée en Corée, en Inde et au Japon.
La pratique de l’harmonica chromatique, qui fonctionne sur le même principe que l’accordéon n’est pas répandue en Europe. On se souvient tous ( ?) en France d’Albert Raisner (Age tendre et Tête de bois) dans les années 60… Ne pas confondre harmonica diatonique principalement utilisé dans le blues et le chromatique que l’on retrouve dans le jazz, le classique, les musiques de films comme dans les musiques populaires.
Le duo Antoine Boyer et Yéore Kim, jeune couple à la scène comme à la ville, présentaient leur dernière production « Tangram », suite de reprises et de pièces composées par le guitariste et par le duo.
Ambiance chaleureuse et attentive – pour ce concert qui se déroulait dans la petite église paroissiale de Sainte-Croix en Jarret – devenu un village en sa totalité, à partir d’un ancien monastère de l’ordre des Chartreux.
La sonorisation légère du concert était parfaite dans un lieu possédant une réverbération naturel qui a fait pleinement son office…
Après une introduction musclée à la guitare (la chauffe), Yéore Kim rentre dans la danse avec un son précis presque trop – explorant gracieusement le thème. Musicienne inspirée elle va surfer durant tout le concert sur la nappe harmonique et rythmique d’Antoine Boyer, apportant légèreté, inventivité tant dans ses expositions que dans ses improvisations.
Extraordinaire conjugaison d’une forte culture jazzistique et d’une sensibilité à fleur de peau. On pense évidemment à l’immense Toots Thielemans.
Le répertoire – très cohérent dans sa construction – alterne des reprises -« Sous le ciel de Paris »(Giraud), « Blackbird » (Beatles), « Dream Of »(Django Reinhard), « Playing Love » ( EnnioMorricone) et des compositions originales bien ficelées.
Les regards partagés, mutins, complices de ces deux talents font plaisir à voir.
Antoine Boyer joue sur une guitare gipsy type Maccaferri et sur une guitare électrique quart de caisse. Lui aussi est précis, rapide, créatif. Son style de jeu est varié, rappelant Philippe Catherine dans cette conjugaison de pompe et de contrechant aboutissant à un type d’accompagnement solide et aérien.
Parfait dans cette fonction d’accompagnement (sauf dans Bluesette ou son battement était trop incertain), il occupe l’espace soliste avec une liberté, une facilité déconcertantes. Et avec le sourire… Bien ancré dans le temps et bondissant dans ses improvisations, c’est tout à fait remarquable et prometteur.
Le format d’une heure vingt (comprenant trois rappels) est tout à fait adapté à ce type de musique car l’attention du public y est quand même est fortement sollicitée
Le duo fut très applaudi. Ce fut une très belle découverte pour moi
Deux talents qui en prenant de l’expérience, du « gras », du son, devraient nous raconter encore de biens belles histoires.
A écouter leur CD (2021) : Tangram : (Viavox / L’Autre Distribution) enregistré avec
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