Le Périscope (Gare de Perrache, tournez à droite, la petite porte au fond) ne programme pas que du jazz. Mais, quand il y consacre ses soirées, il ne se loupe pas. La semaine prochaine, il accueille David Bressat, qui n’est pas que l’enfant de la maison : ce pianiste délicat y présente en effet en concert live le 12 octobre son nouvel album. On en reparlera.
Juste avant, le caveau accueille (vendredi) une autre pointure du jazz contemporain, Benedikt Janel, pianiste berlinois, qui court le monde en trio et qui, comme David, vient de livrer un nouvel album, The Invariant, qui occupera sans doute une large place du concert.
Benedikt Janel, comme un Docteur Jekyll ? Le jeune homme est en effet d’abord connu pour être un de ces « matheux » qui aiment nager dans des équations auxquelles nous n’avons pas accès. Diplômé de physique mathématiques, il est aujourd’hui assistant de recherche au Weierstrass-Institut Berlin dans le cadre des méthodes probabilistes du groupe Leibniz pour les réseaux mobiles ad-hoc. Ses recherches, nous précise-t-on, portent sur Gibbsmaße et les transitions de phase, les systèmes de particules et les réseaux mobiles.
Cela favorise-t-il l’éclosion d’un style, notamment au piano ? Ce quotidien n’empêche en tout cas notre «Mister Hyde» de poursuivre parallèlement une carrière assez magistrale de pianiste acoustique. Sa biographie nous indique que le jeune homme, originaire d’Oberbayern, a commencé à jouer du piano à dix ans, en classique d’abord avant de bifurquer, comme tant d’autres, vers le jazz. Tout est alors allé vite, avec la création de plusieurs groupes, des sets en veux-tu en voilà, des découvertes, des rencontres et des projets. Tout cela a amené le jeune homme à notamment rejoindre le City College New York où il a pu rencontrer de multiples musiciens dont John Pattitucci , Garry Dial , Clarence Penn , Kenny Werner ou Jean-Michel Pilc.
La fusion d’un trio pas comme les autres
Et c’est dans les années 95 qu’il rencontre et s’attache à deux musiciens, le drums Owen Howard (Canadien) et le contrebassiste Antonio Miguel (Espagnol). Le tout nouveau trio fait mouche dès le premier album : sorti en 1996, ce Modular Concepts condense tous les ingrédients du trio : lignes épurées, attentes pieuses des compères, jeu en retenue, acoustique en diable fleurant bon la sérénité. Avec un tel cocktail, le jeune trio ne pouvait qu’intéresser Manfred Eicher et le label ECM : peu de temps après sortait Equilibrium, qui confirmait le propos, la recherche harmonique et la fusion d’un trio pas comme les autres. L’histoire se poursuit aujourd’hui avec la parution de The Invariant, qui signe donc les dix ans de ce groupe qui se partage donc entre l’Espagne, Berlin et New York.
C’est dire l’intérêt de ce concert automnal que programme Le Périscope qui, l’air de rien, entre rythmes et couleurs de toutes tendances, parvient à vous glisser des « perles » de jazz qu’on ne saurait manquer.
-Concert vendredi au Périscope, vendredi 6 octobre à 21 heures. Ouverture de la billetterie à 20 h 28.
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