Raul Midon, Célia Kameni, Michel Jonasz, Jazzy Bazz, Sophie Hunger et Sting sont tour à tour montés dans cette « carte blanche » proposée au batteur et réussie
Raul Midon fait partie de ces artistes qu’il faut accompagner jusqu’au micro, au centre de la scène (il est aveugle de naissance). Pour corser la difficulté, il est seul en scène pour une heure, pour démarrer une soirée où, au contraire, un peu plus tard, on se bousculera autour de Manu Katché.
Une heure peut passer si vite : en quelques morceaux distillés en s’aidant juste d’une guitare acoustique et de quelques tablas, Raul Midon entraîne le spectateur dans son monde, patiemment, sans le moindre effet apparent. La musique, juste la musique.
Sa voix fait merveille dans le théâtre antique, piochant dans un répertoire multiple. Il y a de la magie et de la grâce dans cette façon d’interpréter, de freiner ou d’accélérer le rythme, de retenir l’attention en dévoilant un univers propre.
Si ses mélodies s’expriment tour à tour en espagnol ou en anglais, le chanteur est aussi connu pour sa façon inédite de « chanter » de la trompette. Ici, il ne s’agit pas de reprendre en scat un solo de trompette, exercice familier des chanteurs/chanteuses pour se faire la voix et la rendre le plus audible possible.
Devant le spectateur, Raul Midon joue vraiment de la trompette, la restitue à la perfection, note par note, sans la moindre hésitation. Il n’en lâche pas pour autant sa guitare, usant d’une technique bien à lui pour placer au bon endroit sur le manche sa main gauche. Tous ces détails concourent à faire de ce quasi récital intelligent et bourré d’émotions un moment rare.
Manu Katché en maître de cérémonie
Manu Katché qui survient après, avait carte blanche. Il en a bien usé. Certes, il est le maître de cérémonie et aurait pu faire de ses drums le centre de la soirée. Non point. Au contraire, cette carte blanche est pour lui l’occasion de dérouler d’une façon originale sa carrière en invitant à ses côtés quelques-uns des talents qui l’ont plus particulièrement frappé durant ses dernières années et avant. Et en les mettant le plus possible en valeur, rappelant au public les raisons personnelles de ces invitations.
On démarre avec la jeune vague : le rap de Jazzy Bazz, la conviction chantée de Sophie Hunger et l’adresse de Célia Kaméni. Evidemment, on est loin ici des petites scènes où ces jeunes artistes ont l’habitude de s’exprimer : il s’agit ici, durant deux ou trois morceaux, et encadré par une très bonne rythmique d’occuper le théâtre antique. Même s’il n’est pas plein, l’exercice n’a rien de simple.
Raul Midon n’est pas oublié, se joignant lui aussi le temps d’une chanson à cette carte blanche.
Mais celle-ci allait prendre une autre dimension avec les deux derniers invités.
Sting : pour la première fois sur scène depuis deux ans
Il faut être en effet Michel Jonasz ou Sting pour prendre, la mesure du lieu dès les premières notes. Michel Jonasz, vieux compagnon de route de Manu Katché, va s’en donner à cœur joie. Mal fagoté dans un costume peu fait pour l’endroit, débonnaire, il embarque le spectateur en trois ritournelles et vient rappeler surtout que celles-ci font partie de l’imaginaire de tous (« super Nana » chantée dans le rythme et sans fausse note par quelques milliers de spectateurs n’a rien d’anodin).
Et puis, il y avait donc annoncé un invité surprise. Ce fut Sting. Décontracté, aidé de sa guitare et du Manu Katché band tout autour.
Le chanteur tient à rappeler, au passage, qu’il remonte sur scène pour la première fois depuis deux ans.
Un galop d’essai donc mais qui peut expliquer le plaisir visible qu’il prend à distiller des tubes, là encore repris ou accompagnés par le public. Plaisir. Joie des retrouvailles après tant de mois de silence : ce fut aussi la trame non exprimée de cette soirée.
Voici un extrait de la vidéo du concert (cliquez) ICI
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