30 thèmes musicaux tirés de 30 albums enregistrés par 30 formations différentes : la compilation « Jazz out of Norway » qui vient de sortir est un vrai petit évènement nous emmenant à la découverte d’une scène jazz bourrée de vitalité et de créativité.
Que sait-on de la scène jazz norvégienne ? A l’exception de quelques noms de musiciens ou de formations qui se sont exportés à l’occasion d’un concert ou d’un festival, pas grand-chose. C’est entre autres pour remédier à cette méconnaissance que le Norsk jazz forum sort une compilation intéressante qui fera date : « Jazz out of Norway ». 30 titres tirés de 30 albums différents interprétés et enregistrés par 30 formations de la scène jazz norvégienne actuelle.
C’est un coup de maître : par la diversité des formations en question (du solo au big band en passant par tous les types de quartets et autres collectifs qui prospèrent en terre du nord), par les tendances et styles musicaux qui scandent les deux CD (du jazz le plus classique au free le plus débridé en multipliant les détours vers des jazz inattendus mêlant voix, instruments et originalité), par les musiciens qui interviennent (formations de tous poils emmenées ici par la contrebasse, là par la flûte, plus loin par le piano, la guitare, les percussions ou par de multiples instruments à vents), et par les atmosphères parfois inédites que révèlent ces thèmes et ces formations.
Une incessante découverte d’une scène créative au possible
D’où, au fil des thèmes (un seul par album, on insiste) ce qui apparaît comme une incessante découverte d’une scène jazz multiple, créative au possible, étonnante de bout en bout, « plein de vie et d’une irrésistible énergie » explique Caroline Juzwa, de l’International Jazz Platform.
Certes, il y a dans cette initiative, dans laquelle le ministère des Affaires Etrangères norvégien s’est très impliqué, une volonté de combler cette méconnaissance, de promouvoir ces 30 formations issues d’à peu près tous les coins du pays. Et Anne Yven, d’insister dans le texte introductif aux CD, sur la créativité « impressionnante » de cette scène si on veut bien la ramener « à une densité de population peu élevée ». La raison d’une telle créativité, estime-t-elle est entre autres due aux « politiques publiques ainsi qu’au système pédagogique ouvert qui permettent d’atteindre de tels résultats ».
Que dire de ces 30 thèmes et de ces 30 formations qui se succèdent ainsi durant plus de deux heures : comme pour toute compilation, certains retiennent plus l’attention que d’autres, font mouche, s’écoutent, se réécoutent, séduisent, parfois impressionnent. Certains nous sont plus familiers que d’autres : là Elin Rosseland & Johannes Eick (album Gold) en duo contrebasse enlacée à une voix soprano. A côté, un extrait de House on a Hill, treizième album du contrebassiste Terje Gewelt, blotti dans un bel écrin musical (guitare/drums). Ou encore Ojkos,The Source, Eivind Aarset en quartet, Ayumi Tanaka en trio…..
De découverte en découverte, on en vient évidemment à regretter d’abord un goût de trop peu. On peut penser que c’est effectivement l’un des buts recherchés par ceux à l’origine de l’initiative. Dans la foulée, on ne peut aussi que regretter qu’une telle scène ne soit pas mise plus en évidence, montrant du doigt une relative imperméabilité des milieux jazz européens d’un fuseau horaire à l’autre.
* Jazz out of Norway : Compilation réunie par le Norsk Jazzforum (Oslo).
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