Pas besoin de demander à Christine Vallin d’où lui vient ce scat enjoué qu’elle égrène lors qu’elle ne se dissimule pas derrière un trombone démesuré. Ici, Ella Fitzgerald n’est jamais loin à moins que ce ne soit Diane Reeves qui perce au détour d’un des standards qu’elle aime reprendre.
Ce soir jeudi 26 novembre, c’est elle qui ouvre cette troisième édition de Jazz à Fareins (direction Villefranche-sur-Saône puis enjamber la Saône pour arriver rive droite) avec ElectraVoice, un trio qui triture la belle tradition du jazz vocal féminin jusqu’à plus soif. Escortée d’Hélène Avice (cb), de Gaby Schenke (sax), et d’Erwan Bonin (dr), cette tromboniste s’en donne à cœur joie : le scénique rejoint ici la musique pour offrir un « tour de chant » jovial et inspiré. A l’image de ce festival qui a la bonne idée d’attendre que Le Rhino se soit assoupi pour se réveiller. 13ème édition cette année. Ambiance débonnaire propre à oublier les frimas de novembre. Et des salles pleines du jeudi au dimanche.
Pour cette soirée d’ouverture, suivra Electrophazz.
Du groove fomenté par huit sbires dont deux chanteuses dont le répertoire surfe sur autant de vagues qu’il y a de rythmes à découvrir, rap, soul et électro pour l’essentiel. Au cours de ces huit dernières années, Electrophazz a blindé sur toutes les scènes du Rhône et de Navarre son amour des rythmes atlantiques, c’est dire.
Mario Stantchev piano, Lionel Martin saxophones
La soirée du lendemain sera toute entière consacrée à Mario Stanchev, pianiste multiforme qu’on oublie parfois de présenter tant il nous est familier. C’est omettre la faculté de constante régénération musicale qui anime ce musicien qui a décidé une fois pour toutes de s’attaquer à tous les répertoires.
On vous recommande évidemment la première partie : Stanchev se livre avec le saxophoniste Lionel Martin à une lecture/découverte/réinterprétation d’un musicien souvent considéré comme un pionnier du jazz, Louis-Moreau Gottschalk, étonnant compositeur d’une époque révolue (cf Wikipedia- US pour en savoir plus).
Pourtant, le duo Stantchev-Martin, enchevêtré, mélodieux à souhait (quand on connaît l’énergie de Lionel Martin…..) permet de découvrir un monde musical ignoré. (au besoin se précipiter sur les quelques morceaux du duo disponibles sur YouTube, voir ci-dessus).
La précision du toucher de Stanchev, ses changements mélodiques, ses accélérations fulgurantes font le reste pour donner à sa musique, au propre et au figuré, un étonnant relief.
On s’en convaincra d’ailleurs quelques instants après s’il en était encore besoin avec son « New Bulgarian Trio » qui rassemble Hristo Yotsov aux drums et Dimitar Karamfilov à la contrebasse. C’est là aussi de toute beauté, navigant de ces musiques de film muet aux trios les plus complets qui ont consacré la formule (Bill Evans, Jamal et tant d’autres). On recommande notamment quelques passages de la contrebasse lorsque celle-ci se hisse à l’avant-scène.
Ralph Moore, sax, a joué avec à peu près tout le monde
Avec Ralph Moore, il s’agit évidemment d’autre chose. Ce saxophoniste britannique et new-yorkais d’adoption et qui fête ses 60 ans a joué avec à peu près tout le monde, notamment côté trompettes, de Gillespie à Freddie Hubard mais aussi avec Oscar Peterson, Ray Brown et quantité d’autres.
De passage en France, attendu au Sunset courant décembre, il fait donc une halte précieuse à Fareins, samedi soir, sans doute poussé par Olivier Truchot, qui tient le piano dans ce french quintet qui rassemble également Michael Chéret (sax ténor, Fabien Marcoz (basse) et Andrea Michelutti (dr).
A déguster comme il se doit : velouté de l’instrument, évocation de standards prestigieux et formation de qualité autour du musicien sont autant de gages d’une soirée pas comme les autres.
On boucle avec musique cubaine et big band tout frais tout rose
Le festival bouclera –enfin pas tout à fait- ensuite avec Tempo Forte : Musica Cabana, formation musclée de douze musiciens plongés, comme son nom l’indique dans la musique cubaine et autre salsa. Ils ne sont surtout pas des inconnus, ayant déjà les belles nuits de moult festivals ou soirées animées.
Un beau point d’orgue à cette 13ème édition qui vous convie néanmoins le lendemain après-midi à un set d’un big band born in Fareins quelques jours avant. Explication : Cédric Perrot s’est chargé il y a quelques jours d’animer à quelques pas de Fareins une master class dédiée aux big bands.
C’est une restitution de ce stage, emmenée par le musicien et encadré par quelques joueurs professionnels qui sera jouée sur scène dimanche après-midi en clôture de l’édition.
Le jazz en devenir.
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