La soirée est fraîche pour un mois de juillet. On se les gèle même carrément pour être honnête, mais le feu qui brûle sur scène réchauffe efficacement. Ici point d’artifice, c’est de l’authentique, oui monsieur, et du local, puisque l’Imperial Quartet, une des tentacules de l’excellente Compagnie Impériale, est une formation lyonnaise.
Quel plaisir de retrouver ces musiciens: Gérald Chevillon (sax basse, ténor et soprano), Damien Sabatier (sax baryton, alto et sopranino), Joachim Florent (basse), Antonin Leyrmarie (batterie et percussions) et en invité Rémy Poulakis (accordéon et chant).
Pour ceux qui ne connaissent pas, l’Imperial Quartet est un groupe bien ancré dans un style de Jazz que je qualifierais de français, très actuel, dense et organique. C’est une musique protéiforme, aux influences très larges, dans la veine de ce que l’on peut entendre chez Andy Emler.
Le concert de ce soir est l’occasion de découvrir les compositions du nouvel album « Grand Carnaval », à paraître à l’automne et de ré-entendre les anciens titres dans des versions renouvelées. On retrouve le son massif et dense de l’Imperial, évidemment bien touffu en basse avec pour certains morceaux un sax basse, un sax baryton et une guitare basse simultanément sur scène.
Les musiciens remplissent tellement l’espace sonore qu’on a l’impression d’avoir devant soi un big band! Tous multi-instrumentistes, ils occupent en effet tout le spectre, mais chacun n’est pas nécessairement à la place où on l’attend. Le groupe se plaît à inverser les rôles. La basse par exemple, est régulièrement à la mélodie, jouant presque comme une guitare, tandis que les basses sont assurées par les saxophones.
La musique est foisonnante, en constante évolution. Très écrite, il s’en dégage cependant une impression de spontanéité et de force joyeuse. En effet, le plaisir n’est pas que du côté de l’audience. Sur scène on s’amuse, on se surprend, on prend des poses bien dans le ton de la musique, qui parfois tire vers le rock, voir le punk ! Les deux sax jouent à emboucher deux instruments chacun, à la Roland Kirk, pour produire des accords à quatre sons. Ces derniers se transforment également en percussion dans des rythmiques complexes de claqués de anches.
Les ambiances et les styles sont variés, les artistes sont de véritables alchimistes capables de tous les mélanges. On passe d’un jazz aux accents pop ou folk, à un autre tirant vers le New Orléans ou la Funk bien groovy, d’une ambiance planante à la Bill Frisell à des passages aux mélodies très intriquées et à la rythmique implacable.
Une musique extatique et chamanique
L’Imperial Quartet (+1) c’est aussi un groupe de transe. Les morceaux se déploient dans des crescendos savamment orchestrés qui, arrivés à leur terme, vous laissent le souffle court. Il y a presque un côté chamanique à cette musique, renforcé par les présences épisodiques de guimbarde et de percussions.
J’ai pour habitude dans mes chroniques de commenter les qualités individuelles de chaque musicien. Et bien cette fois-ci je dois bien avouer que je n’ai même pas eu l’idée d’essayer. Les petits gars assurent à chaque instant évidemment, mais ce qui a surtout retenu mon attention, c’est le collectif. Ensemble, ils racontent de vraie histoires, inventives et passionnantes.
Outre le nouvel album à venir à l’automne, l’Imperial Quartet prépare un nouveau projet pour le printemps prochain. Celui-ci impliquera le chœur opéra junior de Montpellier avec lequel plusieurs concerts sont prévus, à Montpellier et Alès notamment. D’ici là vous pourrez suivre l’actualité de toute la compagnie sur son site, à l’adresse suivante: Compagnie Imperial
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