Le Péristyle 2016 nous a quittés, samedi soir.
Après trois mois de musique non-stop (sauf le dimanche) au cours desquels, l’Opéra aura accueilli, comme chaque année, formations et musiciens qui prospèrent à Lyon et en Rhône-Alpes. On avait commencé le 9 juin avec le Rémi Crambes Trio. On aura fini le 3 septembre un peu plus loin du jazz avec le Wonder Collective, formation qui se consacre à la musique de Stevie Wonder et qui restitue, à la mesure près, quelques-uns des grands thèmes du chanteur.
Avec 11 musiciens (cuivres, vocals, rythmique), la formation tourne rond, sans trop de surprises mais restitue à merveille et avec fraicheur des musiques nées il y a quarante ans.
Au passage, le Wonder Collective démontre que l’œuvre du chanteur n’a rien perdu de sa pertinence et de sa séduction au fil des décennies.
Les neuf sets du Péristyle auront été en effet un moment à part : le lieu pris d’assaut, sens giratoire créé pour l’occasion, scène déplacée et, pour finir, autant de monde sous le velum que sur la place. Ce fut festif, presque trop.
Une pensée pour le personnel du Péristyle qui, durant ces trois soirs, dut courir de table en table pour désaltérer les assoiffés.
Le Péristyle, une scène à part misant sur la création et les rencontres
Tout ça pour dire que le Péristyle 2016 aura été, une fois encore, tout en contraste. Avec son lot de surprises, de découvertes ou d’inédits. Et ses piliers : Patrick Maradan en trio, l’Imperial Quartet, le duo Everron Oliveira et Zaza Desiderio, Michel Perez, Joachim Expert, Lionel Martin, Eric Teruel, Frédéric Nardin, Olivier Truchot ou John Boutellier.
Du jazz à foison dans une optique toutefois particulière à laquelle tient François Postaire, l’instigateur du lieu : que les formations ne se contentent pas de faire ce qu’elles savent faire, mais, comme à l’Amphi lors des résidences, qu’elles en profitent pour inventer, tenter proposer.
Cas type : Lionel Martin, un habitué, toujours en quête de nouveaux espaces, venu cette fois en compagnie de Benoit Keller à la guitare et de François Merville à la batterie. Ou Festen, composé d’Olivier Degabriele, de Maxime Fleau, de Damien Fleau et de Jean Kapsa.
Ca n’aura pas empêché quelques déceptions. Passons.
Entre 27 000 et 30 000 personnes accueillies durant ces trois mois
Mais, insistons encore sur l’originalité du Péristyle et sur la volonté de l’Opéra de Lyon, année après année, de monter une opération précieuse pour plusieurs raisons.
Non seulement, celle-ci est pour le jazz régional une vitrine unique, qui s’exprime dans un cadre enchanteur et selon une formule des plus plaisantes.
Le plus souvent, il s’agit d’une musique créative et là réside aussi le succès de l’opération. Par ailleurs, et à la différence de ce qui se passe malheureusement en club ou en association, tous les musiciens sont dûment payés. C’est d’ailleurs à leur demande que le rythme du Péristyle a évolué récemment, les musiciens préférant plutôt développer un projet musical sur trois jours plutôt que sur deux.
Enfin, rappelons-le, le Péristyle est à lui tout seul un festival qui se tient au moment où tout fait relâche, été oblige. (Les Nuits exceptées).
Or, et c’est l’un des enseignements de cette édition : le Péristyle a continué à faire le plein au mois d’août, note François Postaire, preuve que le traditionnel couvre-feu dans lequel s’enfonce la ville à fin juillet n’a pas forcément de raison d’être.
Au total, selon une rapide évaluation, ce Jazz à l’Opéra aura accueilli durant ces trois mois entre 27 000 et 30 000 personnes, sans qu’on sache précisément la part d’habitués (beaucoup), de touristes (beaucoup aussi) ou de simples curieux.
Côté dépenses, l’opération avoisine 100 000 euros, essentiellement les cachets des musiciens. Côté recettes, en revanche, l’Opéra ne peut compter que sur elle, puisque le Péristyle ne bénéficie d’aucune aide ou subvention en dépit de la gratuité de l’accès (ne consomme que qui veut). Ce sont donc les recettes du bar-brasserie qui permettent d’à peu près équilibrer.
Le Péristyle bouclé, reste, une fois encore, l’originalité de l’opération, unique en France. Le lieu. Le rythme. La qualité. Le confort. La centralité. Certes, pour l’écoute, mieux vaut savoir se faufiler pour accéder aux bonnes places. Et pour être assis, mieux vaut arriver en avance.
Exit le Péristyle. L’Amphi reprend ses droits.
Là encore lieu de brassage où le jazz n’est pas le seul élu. On y reviendra.
Mais retenons d’ores et déjà que l’Opéra se décide à voir plus grand cette année : vendredi 14 octobre, elle accueille dans la grande salle Martial Solal en trio. Prix modique (de 10 à 20 euros). A ses côtés Bernard Lubat et Mads Vinding. Claudia Solal en invitée.
Ce concert ouvrira la saison de jazz de l’Opéra.
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