Ça a été crescendo. Set après set. Jeudi, vendredi, samedi. Et presqu’un bal en bouquet final, samedi soir sur le coup des 23 heures lorsque la 13ème édition du Péristyle a pris fin sur les ultimes notes distillées par l’Imperial.
L’Impérial : une formation à dimensions variables (on va vous expliquer pourquoi) qui s’est appropriée à peu près tous les styles musicaux disponibles, sauf peut-être le slow, pour imposer sa vision, son monde, son univers. Fanfare, big band symphonique, sextet jazz, bastringue déjanté, opéra et lyrique version saxophones. L’Imperial est inclassable et le public le lui rend bien. L’art de ne jamais faire halte, de toujours voguer vers l’ailleurs.
Neuf sets pleins à craquer et au-delà
Tout ça se retrouve sur scène et donne aux sets qu’ils traversent avec bonheur des allures inimitables. On s’en est donc particulièrement rendu compte cette semaine.
Le Péristyle avait donc décidé de conclure avec l’Imperial, notamment connu pour avoir gagné le tremplin jazz Le Rezzo de Jazz à Vienne il y a deux ou trois ans et pour avoir été poussé, il y a quelques années, par l’enthousiasme d’Yves Bleton, le tant regretté fomenteur d’Agapes.
Le bouche à oreille avait fait le reste : du jeudi au samedi, neufs sets pleins à craquer et au-delà. Pour dire, selon Gérald Chevillon, l’un des sax de l’orchestre, jamais l’Imperial n’aura vendu en direct autant de ses disques en l’espace de trois soirs (trois au catalogue, un quatrième en préparation).
Une sorte de fête ininterrompue
Mais encore ? Une sorte de fête ininterrompue, dans laquelle on retrouve tout de même les nuances de cette formation à longueur et talents variables.
Au choix, les accents les plus festifs version Imperial Orpheon, les plus jazz version Imperial Quartet ou enfin, les musiques les plus défricheuses, version Imperial Pulsar.
Evidemment, ne tenons aucun compte des frontières : tout ici va vite, très vite, se mêle, s’emmêle, se dissout, se métamorphose.
L’important ici est de décoiffer, au gré des inspirations de chacun. D’un solo de mandoline de Stéphane Cezar, invité de luxe qui a eu à peine un après-midi pour s’avaler le répertoire, à l’accordéon de Rémy Poulakis et toujours, derrière, devant, à côté, le duo terrible, Damien et Gérald, qui détiennent à eux deux à peu près toute la famille des saxophones et qui en usent avec une conviction rare.
Ajoutez-y quelques menus autres instruments : Damien Sabatier est sans doute le seul saxophoniste capable de passer sans s’essouffler de la guimbarde façon Morricone au sax baryton version Mulligan.
De son côté, Antony Gatta, le percussionniste invité, n’a pas son pareil pour fournir des tempos autres à l’ensemble pendant que Rémy Poulakis, à nouveau, impose le chant lyrique à des instruments qui ne s’en laissent pourtant pas compter.
Des virages musicaux qui sont autant d’épingles à cheveux
Le résultat : le public est tenu en haleine, à l’affût de l’inattendu. Ici les virages musicaux sont autant d’épingles à cheveux. Avec eux, tout y passe, toutes les musiques, comme autant de paysages accolés, les derniers faisant oublier les premiers. Amnésie générale.
On a là d’ailleurs toute l’histoire de l’Imperial, une histoire vieille de sept ans, version courte, mais de vingt ans au moins si l’on remonte aux racines du truc, lorsqu’un certain Gérald Chevillon et un certain Damien Sabatier ont commencé à tâter du saxophone, ensemble. Ils avaient moins de dix ans. Ils ne sont plus jamais quittés.
Au passage ils se sont partagés les sax : Chevillon se coltine le sax basse, pas le plus maniable. Sabatier est au soprano.
Chevillon est au ténor (gentiment prêté par Lionel Martin). Sabatier lui fournit la trame au baryton.
Tout cela ne cesse d’être remis en question au point que la formation a pu jouer avec côte à côte les deux sax basse et baryton et l’excellente guitare basse de Joachim Florent, autre pilier de la compagnie Imperial.
L’art de finir un set sur les chapeaux de roue d’un diamètre rare
Mais tout cela ne serait rien s’il n’y avait donc l’énergie festive de ce groupe qui termine un set comme il l’a commencé, sur des chapeaux de roue d’un diamètre rare.
Une énergie sous-tendue par une joie de jouer, d’être sur scène, de fomenter un coup d’état musical sans prévenir. Ca sent l’agitation permanente tout autant que le canular, la fête champêtre que le caveau de jazz le plus enfumé.
On l’a compris : l’Imperial a ponctué d’un magnifique point d’orgue la 13ème édition du Péristyle.
On avait beau s’y attendre (ils avaient à peu près fait de même il y a deux ans), leur retour, sous le velum langoureux du lieu, a fait plus que confirmer le panache qui le guide.
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