De son côté Vincent Peirani aura livré un joli set aux multiples facettes : lorsque violoncelle, flûtes, basson ou hautbois font bon ménage avec l’accordéon
Ce devait être, promis juré, Mark Guiliana et Shai Maestro aux côtés d’Avishai Cohen : le trio d’antan reconstitué le temps d’un unique concert donné à Vienne et nulle part ailleurs. Las ! Pour des raisons diverses, les deux sidemen du contrebassiste ont changé d’avis faisant passer l’événement à la trappe.
C’est donc un trio plus habituel qui est arrivé hier soir à Jazz à Vienne, le trio avec lequel Avishai Cohen tourne habituellement et qui est d’ailleurs attendu sur quelques scènes d’Europe cet été.
On a peut-être perdu au change. Mais on a surtout gagné de voir aux côtés du contrebassiste Roni Kaspi. Quasi-gamine. 21 ans si on ne se trompe pas. Concentrée au possible selon l’image renvoyée par les écrans, et qui ferait passer le contrebassiste pour un gamin dissipé.
Si elle n’a pas chipé la vedette à Avishai Cohen, toujours écouté avec la même ferveur par le public, la jeune femme a tout de même créé un de ces petits évènements scéniques qui marque et qui reste, via un long solo ébouriffant arrivé sans prévenir mais d’une rigueur exemplaire. A peine ponctué par Avishai Cohen et Elchin Shirinov le pianiste qui complète ce trio, talentueux mais un poil disert.
Sans doute Roni Kaspi n’en est pas à son coup d’essai ; technique sans faille, relances constantes, ponctuations de génie, autant à l’aise dans la douceur que dans la poigne, elle a emporté le théâtre antique à plusieurs reprises.
Il est vrai que les concerts d’Avishai Cohen en trio se succèdent avec toujours le même succès. Avec quelques variantes. Cette fois, le musicien scinde la chose : pur trio musical durant une bonne heure avant de revenir chanter quelques thèmes qu’il enjolive de belle façon.
Peirani : un accordéon très partageur
Auparavant, Vincent Peirani avait donc entamé la soirée : jamais à court d’initiatives, l’accordéoniste, très partageur, avait réuni autour de lui tout un petit monde. Ici Vincent Segal. Là, Piers Faccini. Derrière, attentifs, les élèves du conservatoire de Lyon, flûtes, basson, clarinettes, hautbois, cors.
On comprend qu’avec un tel « armada », le concert n’a cessé de changer de facettes, de couleurs, d’ambiance. Même s’il coordonne cette carte blanche, Vincent Peirani s’est donc quelque peu effaçé derrière cette petite société réunie pour le plaisir.
L’accordéon y a évidemment perdu de sa primauté mais l’intérêt de ces petits rebondissements n’a cessé de se renouveler le temps de ce long set partageur. Enfin et surtout, avec son air de jeune homme appliqué, Emile Parisien a livré un solo magistral parti de nulle part mais qui a secoué le théâtre antique : pièce d’un seul tenant, crescendo toutes, envoûtant, démoniaque.
On a beau être familier de ce vieux complice de Peirani, le saxophoniste conjugue maturité et fraîcheur, efficacité et poésie. Du grand art.
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